Le souk du Web marocain


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Mostapha Elkorchi a décidé de créer le premier cyber-supermarché marocain : Assouakcom.ma. Une idée très nouvelle, peut-être même un peu trop. Avec son projet de vente en ligne, l’entrepreneur sème l’incompréhension partout où il passe. Interview d’un militant du Web.

Créer le premier supermarché en ligne au Maroc… Lorsque Mostasa Elkorchi a eu cette idée, il y a trois ans, il y a cru tout de suite. A tel point que ce directeur de caisse n’a pas hésité à démissionner du Crédit agricole où il travaillait depuis 20 ans pour créer sa propre SARL, Web3m. Mais on a beau avoir une bonne idée et être très motivé, il faut du courage pour innover dans le domaine de l’Internet marocain. Entre incompréhension et désillusions, le parcours du combattant d’Assouakcom.ma.

Afrik.com : Qu’est-ce qui vous a décidé à lancer Assouakcom.ma ?

Mostapha Elkorchi : Je crois beaucoup au projet. L’idée est de vendre en ligne des produits de grande consommation, des produits ménagers et même des produits frais livrés par camionnettes isothermes. On fonctionnerait en flux-tendu, sans stock. J’ai fait une étude de marché. Selon la dernière déclaration du secrétaire d’Etat à l’information, il y a un peu plus de 500 000 Marocains connectés au Web. 95% d’entre eux sont à Rabat et à Casablanca . Ce sont ces deux villes que desservirait mon supermarché. Pour rentrer dans mes frais, j’ai calculé qu’il me fallait en moyenne 300 clients… Proportionnellement au nombre d’internautes, ce n’est rien.

Afrik.com : Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez pour mettre en place votre  » souk  » en ligne ?

Mostapha Elkorchi : Les difficultés sont d’ordre administratif à 90%. Quand j’ai voulu enregistrer la marque Assouakcom à la délégation du commerce, ils n’ont rien compris. Ils m’ont dit qu’il fallait que je créé une autre société. Il leur a fallu une dizaine de jours avant de saisir la nature du projet ! D’autre part, comme il n’y a pas de législation pour les entreprises comme la mienne, je suis obligé de m’en référer à la loi française.

Afrik.com : Et pour le financement ?

Mostapha Elkorchi : Avant, je travaillais au Crédit agricole. Je suis parti volontairement et parmi les conditions de mon contrat de licenciement, j’ai fait figurer une clause qui engage cette banque à me financer un projet d’entreprise. J’ai déposé le dossier d’Assouakcom le 17 août 2001. Depuis je n’ai eu aucune réponse officielle. Mais j’ai eu une réponse officieuse :  » on veut bien te financer, mais change de projet, on n’y comprend rien « . J’ai déposé un autre dossier à la Banque populaire… je n’ai pas encore eu de réponse.

Afrik.com : Et sur le plan technique, avez-vous rencontré des obstacles ?

Mostapha Elkorchi : Je ne suis pas informaticien de formation. Je travaille avec 4 personnes qui m’aident dans ce domaine. Mais là encore : pour se voir décerner un nom de domaine par Maroc telecom, ça a pris une dizaine de jours. Et quand j’ai voulu avoir des adresses e-mail rattachées au nom de domaine, on m’a dit que c’était impossible. Il a fallu que je trouve moi-même une solution et que je la leur soumette pour qu’ils se rendent compte que c’était faisable. Et je ne parle pas des prix exorbitants pour héberger mon site. Pour 50 Mo, Maroc telecom me demande 1 600 dirhams (153 euros) par mois. Wanadoo] me propose de son côté 100 mega pour 18 000 dirhams (1 728 euros) hors taxe par an… mais payables d’avance ! Et tout cela, sans paiement sécurisé. Je réfléchis de plus en plus à prendre une extension française.

Afrik.com : Comment comptez-vous procéder dans l’immédiat pour mettre en place votre projet ?

Mostapha Elkorchi : Pour le moment, je me débrouille avec les moyens du bord. On a déjà réalisé la page de garde du site d’Assouakcom et on s’occupe actuellement de la fournir en contenu. Mais je ne peux pas réaliser tout seul mon projet.

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