Le 22e Sommet de l’Union africaine s’est ouvert ce jeudi, à Addis Abeba, la capitale de l’Ethiopie. Les dossiers sud-soudanais et centrafricain seront les principaux sujets abordés durant cette manifestation.
Le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, a donné, ce jeudi matin, le coup d’envoi de la 22e édition du Sommet de l’Union africaine. Dès l’ouverture, l’Ethiopie a annoncé qu’elle transmettra la présidence tournante de l’organisation à Mohamed Ould Abdel Aziz, Président de la Mauritanie.
Le sommet a pour thème central « l’agriculture et la sécurité alimentaire », mais les conflits en Centrafrique et au Soudan du Sud sont venus bouleverser ce programme. « Le fait que ces deux tragédies humanitaires s’étendent dans les deux pays, au moment où nous parlons de la Renaissance de l’Afrique (le thème du cinquantenaire de l’UA l’an dernier), doit être douloureux pour chacun d’entre nous », a reconnu lundi le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Tedros Adhanom. « A moins que nous ne trouvions d’urgence une solution, la situation dans ces deux pays aura de graves conséquences sur la paix et la sécurité dans la région, voire pour l’ensemble du continent », a-t-il ajouté.
Alors que les massacres de musulmans se poursuivent en Centrafrique, les autorités sud-soudanaises ont annoncé leur volonté de juger les proches de l’ex-Vice président Riek Machar, à la tête de la rébellion. Ces derniers sont accusés de tentative de coup d’Etat contre le Président Salva Kiir. Une décision qui risque de compromettre le cessez-le-feu fragile signé entre la rébellion et Juba, la semaine dernière. Malgré cet accord, les affrontements continuent dans plusieurs régions. En six semaines, des milliers de personnes ont été tuées et 800 000 chassées de chez elles.
L’Union africaine invitée à s’imposer
Des voix s’élèvent pour inviter l’Union africaine à jouer un rôle plus actif dans le conflit sud-soudanais. Pour l’heure, seule une délégation sous-régionale est-africaine, l’IGAD, a mené des efforts de médiation. L’Union africaine a été relativement en retrait face à la situation au Soudan du Sud.
Quant à la Centrafrique, une force de l’UA, la MISCA, et un contingent de l’armée française, sont déployés. Toutefois, l’UA a mis beaucoup de temps à répondre à la crise en Centrafrique, ce qui, selon certains, comme Peter J. Pham, de l’Atlantic Council, pointe les faiblesses institutionnelles du bloc en matière de gestion des conflits. Le pays est en crise depuis mars 2013, date à laquelle les rebelles de la Séléka, à majorité musulmans, ont renversé le Président Bozizé. Une spirale de violences inter-communautaires s’en est suivie. Le conflit a fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés. Suite à la démission du Président de la transition Michel Djotodia, une femme, Catherine Samba Panza lui a succédé le 20 janvier.
Absence d’une « force de réserve africaine »
Les défaillances de l’organisation se traduisent également par l’absence d’une « force de réserve africaine » susceptible d’intervenir en cas d’urgence. Cette « force » est un sujet débattu depuis une dizaine d’années, mais restée à ce jour un vœu pieu.
Selon Jason Mosley, du centre de réflexion Chatham House, le défaut de l’UA est qu’elle dissocierait les questions de paix et de sécurité à celle de l’économie. Or, d’après lui, la question des conflits qui ravagent certains pays d’Afrique ne peut être ignorée, au risque que l’UA perde sa crédibilité.