Le SOS de Diam’s


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Le quatrième album de la chanteuse Diam’s, SOS, est sorti dans les bacs ce lundi. Avec la rage et la verve qu’on lui connaît, la chanteuse franco-chypriote raconte son succès, sa descente aux Enfers et ses amours. La sortie de SOS en France se déroule pourtant sans la principale intéressée : en cette période de promotion, Diam’s refuse toute demande d’interview.

temp-2.jpg« Je rappe car je ne parle plus », écrit Diam’s à la fin de son dernier album, SOS, sorti ce lundi chez EMI A peine sortie de sa bulle (son troisième album Dans ma bulle était meilleure vente de l’année 2006) pour composer ce dernier opus, Diam’s s’enferme dans son cocon. En pleine période de promotion, la rappeuse, qui a du mal à vivre sa notoriété et l’acharnement médiatique qui y est associé, a coupé court à toute demande d’interview. Les journalistes sont donc sommés, comme ses fans, d’écouter son album en boucle pour décrypter ses pensées. Et il y a matière.

La plus célèbre rappeuse française est de retour et elle règle ses comptes après trois années d’absence. Fidèle à elle-même, Diam’s se livre voile, corps et âme. Dans cet album, dont le titre sonne comme un véritable appel au secours, « SOS », la banlieusarde n’est plus au bord du gouffre, elle en revient, la rage plus que jamais chevillée au corps et à la plume. SOS est une fois de plus une introspection dans la vie et le monde de Mélanie Georgiades, alias Diam’s. On retrouve ainsi ses thèmes chers : les tourments amoureux (« SOS », la chanson-titre de l’album s’adresse à l’être aimé qui est parti), les relations homme/femme (« Rose de bitume ») et son amour pour sa famille et sa mère en particulier (à laquelle elle rend un poignant hommage dans le titre « Sur la tête de ma mère »). Diam’s, qui n’a rien perdu de sa pêche et de son « flow », aborde encore la dépression, celle en l’occurrence qui l’a conduite à un séjour de trois mois en hôpital psychiatrique en 2008, une dépression dont la cause n’est plus le mal-être adolescent (comme dans « TS » de l’album Dans ma bulle), mais bien les aléas liés à la gloire, au succès et au trop d’argent qui va avec ( elle raconte ainsi le chèque de un million d’euros qu’elle a signé au fisc). Sincère et à fleur de peau, le titre inaugural de l’album « I am somebody » fait état des railleries qu’elle a subies dans le milieu du rap pour être une femme qui a réussi.

Toujours aussi vindicative et au fait des débats de société qui animent la France, Diam’s frappe fort et attise la polémique. Dans « Rose de bitume », elle déclare : « Si mon mari est une kalachnikov, je suis son épaule ». Autre sujet épineux, la chanson « Lili », qui parle de la souffrance ressentie par une petite fille exclue de son école pour avoir porté le voile. « Je suis victime de leur regard », écrit Diam’s qui porte elle-même le voile depuis peu et s’est convertie à l’islam au début des années 2000. Une réponse pleine de fougue et de hargne aux photos volées qui l’ont montrée portant le hijab à la sortie d’une mosquée à Genevilliers, à la une de Paris Match le 8 octobre dernier. De quoi inquiéter les parents d’ados fans de la rappeuse.

Face à l’acharnement médiatique, le mutisme

Car une fois n’est pas coutume, les photos de Paris Match ont défrayé la chronique et ramené au devant de la scène la question du port du voile en France. Voilée, la chanteuse, qui incarnait jusqu’ici la figure de proue du féminisme dans les banlieues et l’icône des jeunes filles de cités, s’est vue devenir le symbole de l’archaïsme religieux et des tares de l’islam. Certains médias, soucieux de mettre en avant le radicalisme de sa religion, ont ainsi avancé que sa conversion ne datait que de quelques mois. A rattacher aux fantasmes liés à la religion musulmane, le quotidien régional La Dépêche du midi a en outre révélé au début du mois de novembre que le mari de Diam’s, Aziz, était marié à une autre femme. Des questions et des débats auxquels la jeune femme de 29 ans ne souhaitait pas répondre en prenant le risque de rencontrer des journalistes pour le lancement de son album.

Désormais voilée, mais couverte d’une casquette qui masque son voile, (c’est ainsi qu’elle apparaît sur la pochette de « SOS »), Diam’s entend rester maîtresse de sa communication. Il y a trois semaines, la chanteuse a ainsi changé de société de management pour divergences de points de vue « sur la manière de marketer l’album ». Cependant, « Com » oblige, Diam’s devra briser son silence à plusieurs reprises ce mois-ci. Elle passe ce lundi sur le plateau de Canal Plus, et devrait apparaître bientôt dans l’émission musicale « Taratata » de France 2.

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