Les autorités sénégalaises entendent maîtriser les fraudes douanières. L’importation des voitures d’occasion freine paradoxalement les rentrées fiscales. Des opérations surprises, menées par les douanes, mettent en relief les dysfonctionnements et les fraudes au port de Dakar.
Des épaves. Les rues de Dakar sont encombrées par des vieilles voitures. De très vieilles voitures. « Il ne faut pas s’étonner que la capitale soit une des villes les polluées de l’Afrique. Le marché des voitures d’occasion cause des torts considérables à notre économie », explique Youssouf Mane, douanier à Dakar. Financièrement, l’Etat récupère ses taxes sur ces voitures. Par contre, les importateurs arrivent à gruger les services douaniers en remplissant leurs véhicules d’appareils électroménagers et d’ordinateurs. « La valeur des marchandises est supérieure à celle des voitures importées », remarque Youssouf.
Communication. Mamadou rigole. « Toutes ces opérations éclair et l’activisme des douanes, c’est de la poudre aux yeux. Nous continuons de faire nos affaires comme avant ». Mamadou achète des voitures aux enchères en Belgique et en Allemagne. « Le marché français est saturé et trop cher. On n’a pas les moyens de concurrencer les clients qui viennent de l’Europe de l’Est et du Maghreb. En plus, on peut pas récupérer la TVA sur les vieux véhicules ». Alors, Mamadou s’est tourné vers Bruxelles et Francfort.
Rien ne se perd, tout est vendu
Fax, imprimantes et portables. « J’achète de tout. Il est hors de question que la voiture parte vide. Il n’y a que la place du chauffeur qui demeure libre ». Et encore, il case les petits appareils sous le siège. « Quelquefois, c’est inconfortable. Mais, ce n’est pas le plus important ».
La voiture est vendue à son ami garagiste, pour les pièces détachées, avant son arrivée à Dakar. Parfois, le véhicule est retapé et cédé « pour un cadre moyen ». Selon Mamadou, les bénéfices viennent surtout de la marchandise « achetée aux puces ». Passer le contrôle de douanes n’est pas très difficile. « Il suffit de respecter généreusement les douaniers ».
Chaque voyage rapporte à Mamadou entre 8 000 et 12 000 francs français. Tous frais déduits. « Un salaire de ministre ! ».