Alors que le Sénégal est en train de s’embraser, avec deux personnes tuées, ce jeudi, une en Casamance, une autre à Guédiawaye, après l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko, le Président Macky Sall ne s’est toujours pas prononcé sur la question, au grand dam du peuple qui l’a porté au pouvoir.
Le leader du parti PASTEF, Ousmane Sonko, a été interpellé, mercredi 3 mars, alors qu’il était attendu par le juge du 8ème Cabinet, s’agissant des accusations, à son encontre, de viols sur la masseuse Adji Sarr. Une affaire d’itinéraire entre le Préfet de Dakar, qui voulait que le patron de PASTEF emprunte la Corniche, et Ousmane Sonko, qui voulait passer par l’Avenue Cheikh Anta Diop, a débouché sur un blocus ayant entraîné l’arrestation du leader de PASTEF, inculpé de « trouble à l’ordre public et participation à une manifestation non autorisée ».
Cette arrestation a aussitôt déclenché des manifestations d’une rare violence. Des stations-service sont vandalisées, des magasins Auchan saccagés et pillés. De lourds dégâts constatés dans la capitale sénégalaise, le même jour de l’arrestation d’Ousmane Sonko. Le lendemain, ce jeudi 4 mars 2021, les manifestations se sont accentuées et se sont répandues un peu partout dans le pays, notamment au Sud du Sénégal, où un jeune de 20 ans « a été tué par balle ». Ce même jeudi, une autre personne a perdu la vie dans la banlieue dakaroise.
Alors que, par ailleurs, plusieurs blessés sont à dénombrer, ce même jour, le Président du Sénégal, Macky Sall, s’est emmuré dans un silence « offensant », selon le propos des Sénégalais. Sur les différentes plateformes et les plateaux de télévision, le silence du chef de l’Etat a été fortement décrié. L’affaire Ousmane Sonko, qui a mis une bonne partie du Sénégal sens dessus dessous, est visiblement partie de rien : une affaire privée d’accusation de viol, que Macky Sall a minimisé.
A la question posée par RFI de savoir si « le Président n’y est pour rien » dans ce que certains appelaient un complot de l’Etat contre Ousmane Sonko, son principal opposant, la réponse de Macky Sall a été : « c’est clair, j’ai suffisamment de choses à faire que de comploter pour des choses aussi basses ». Auparavant, Macky Sall avait dit, dans la même interview : « c’est une affaire regrettable, je ne sais pas ce qu’il en est dans le fond. Je ne peux pas souhaiter à mon pire adversaire une telle situation… ».
De quelle situation parlait Macky Sall, alors que Ousmane Sonko n’avait pas encore été entendu ? Son immunité parlementaire n’avait même pas été levée et sa responsabilité non encore déterminée. Il bénéficiait de la présomption d’innocence. Cette étape aujourd’hui passée, Ousmane Sonko a été arrêté et le Sénégal s’embrase. Seulement, Macky Sall garde un silence assourdissant. Un silence que lui seul comprend. Oubliant qu’il a à parler au peuple. Qu’il a l’obligation de s’adresser au peuple qui l’a élu.
Monsieur le Président Macky Sall, vous avez la parole. Le peule sénégalais vous demande de lui parler et de lui donner une solution face à cette situation chaotique. Chaotique, car les magasins Auchan en pâtissent. Chaotique car les Sénégalais sont désemparés. Chaotique, car des commerces sont détruits. Chaotique, car le siège de la Radio Futurs Médias (RFM) vient d’être attaqué, avec son lot de violences et de dégâts.
A lire : Sénégal, Ousmane Sonko risque très gros : Macky Sall a lâché le morceau
A lire : Sénégal : Ousmane Sonko arrêté pour « trouble à l’ordre public »
