Capitaliser sur les savoir-faire pour l’industrialisation en Afrique… tel est le but des bourses de compétences et d’échanges. Ce programme, à vocation internationale, a été lancé en juillet dernier par le Conseil National du Patronat du Sénégal, en collaboration avec le ministère de l’Industrie et de l’Artisanat. Explications.
Par Barthélémy Sène
L’industrialisation de l’Afrique connaît des limites : manque d’innovation, de technologie, de financement, d’accompagnement technique et technologique… Conscient de ces blocages, le Conseil National du Patronat du Sénégal (CNP) a jugé utile d’agir pour inverser la tendance. Sa dernière trouvaille : les bourses de compétences et d’échanges, « un programme d’appui et de redéploiement pour accompagner les projets industriels au Sénégal et en Afrique », explique Baïdy Agne, président du CNP. Pour ce faire, le CNP compte mettre en place un cadre permanent d’échanges pour les Africains chercheurs du continent et de la diaspora afin de résorber le déficit de la recherche en Afrique. Il s’agit de faire revenir les chercheurs africains sur le continent ou de les faire participer à la valorisation des potentiels existants.
Les bourses de compétences et d’échanges se veulent une banque virtuelle des réseaux d’ingénieurs, de techniciens, d’économistes et de chercheurs de l’Afrique et de la diaspora. L’objectif est de capitaliser sur le savoir-faire des ressources humaines africaines et de la diaspora mais également sur la recherche et le développement. La combinaison de ces ensembles permettra aux industries africaines de bénéficier de la recherche et des technologies du Nord pour résorber le déficit de la recherche et impulser le développement industriel du continent.
Que des avantages
Il s’agit, pour le patronat, de recenser les associations d’ingénieurs, de techniciens, d’économistes, de financiers et de chercheurs. Ce recensement conduira à la création de bases de données et de sites. Le programme de bourses de compétences se veut ainsi un outil dynamique de développement pour les pays africains. Le programme est appuyé par la Banque mondiale (qui finance déjà deux projets pilotes), l’Unesco (grâce aux réseaux virtuels et les banques de données) et le Pnud (Programme des Nations Unies pour le développement), à travers son projet Tokten.
Le projet du Conseil National du Patronat tourne autour de trois axes. La bourse d’échange, centrée sur l’accompagnement, la formation, le partenariat et les projets. La bourse de compétences qui concerne les questions de financement, d’innovation, de lobbying, d’expertise et d’ingénierie. Le tout a pour centre d’intérêt les entreprises africaines en termes de ciblage, de mise à niveau, de maîtrise technique, de développement du partenariat et de capitalisation du savoir-faire. Bénéfices financiers, apports en innovation, en technologie et en savoir-faire, possibilité d’obtenir des brevets et des licences, maîtrise des coûts de production pour une meilleure productivité… Les avantages attendus seraient nombreux pour les dirigeants des entreprises africaines, à en croire les membres du CNP.
Trois phases
Le projet sera décliné en trois phases. Il s’agira d’assurer une couverture locale, sous-régionale et enfin continentale. La durée de la couverture locale variera entre 2 mois pour la phase d’études et 22 mois pour la gestion et l’exploitation. La phase régionale sera étalée sur 3 mois (phase études) à 22 mois. Quant à la couverture continentale du projet, la phase d’étude durera 3 mois tandis que la phase gestion et exploitation du projet s’étalera sur 21 mois. Chacune des phases aura trois niveaux d’interlocuteurs : l’interface institutionnelle (locale, sous-régionale, continentale, organismes bilatéraux et multilatéraux), le secteur privé et les organisations professionnelles et les réseaux.
Le projet des bourses de compétences a été présenté lors de la rencontre des Organisations industrielles de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) à Dakar, en juillet dernier. Il n’est pas loin des joint-ventures initiées depuis quelques temps maintenant pour permettre aux entreprises africaines de mieux s’insérer dans l’économie mondiale.
De notre partenaire Le Nouvel Economiste.