Aïda Ndong, une des premières joueuses à s’expatrier en Europe dans les années 1990, est une figure emblématique du basketball sénégalais et africain. Elle a tout raflé sur le plan local et continental avec l’ASCC Bopp de Dakar, entre 1983 et 1985, elle a aussi été championne d’Afrique en titre avec les Lionnes du Sénégal, en 1984. Après plusieurs années passées en Europe, elle a décidé de rentrer au pays, pour s’occuper de ses parents. Depuis 2013, elle est la Présidente de l’Amicale des internationales et basketteuses du Sénégal (AIABS). AFRIK.COM a été à sa rencontre.
Entretien
Vous êtes une ancienne gloire du basket sénégalais et africain. Pouvez-vous nous rappeler votre glorieux parcours ?
Je m’appelle Aïda Ndong, plus connue sous le sobriquet de « Parcelles ». J’ai débuté à l’ASCC Bopp et j’ai tout gagné avec ce club, avant de partir en France pour continuer ma carrière en tant que professionnelle. Nous avions réalisé le grand chelem en 1983 et 1984, en remportant consécutivement le championnat national, la Coupe Madame Elisabeth Diouf, la Première Dame du Sénégal à l’époque et la Coupe du Maire. Nous avons également remporté la Coupe d’Afrique des clubs, en 1984, et j’ai même été révélation du basket, la même année.
Vous avez aussi été championne d’Afrique avec les Lionnes…
J’ai été deux fois championne d’Afrique, une fois avec mon ancien club de l’ASCC Bopp où tout a commencé, mais aussi avec l’équipe nationale du Sénégal, en 1984. J’ai eu à participer à deux Coupes du monde des nations, en junior et en sénior. Nous avions été médaillées de bronze aux Jeux Africain de 1987, à Nairobi, au Kenya. J’ai participé à des tournois de Zone 2 et autres…
Vous avez longtemps vécu en France. Pourquoi avez- vous décidé de rentrer au pays ?
Effectivement, j’ai longtemps vécu en France. J’ai passé 18 ans de ma vie dans ce pays européen, avant de décider de retourner au bercail. Je suis rentrée à la fin de ma carrière. J’ai la double nationalité, mais le Sénégal est mon pays d’origine et toute ma famille est ici. Je voulais vraiment revenir à côté de mes parents. Maintenant, ils sont plus là. Je prie que le Tout Puissant les accueille dans son paradis éternel. Je fais des allers et retours entre le Sénégal et la France.
Vous êtes la présidente de l’Amicale des anciennes basketteuses du Sénégal. Comment fonctionne cette association ?
Je suis la Présidente de l’Amicale des internationales et basketteuses du Sénégal (AIABS), depuis 2013. Elle fonctionne comme toutes les associations de femmes. En plus de l’entraide, nous organisons des tournois de jeunes filles, surtout le 8 mars, pour magnifier la journée, faire des dons d’équipements aux clubs et aux jeunes. On a eu à faire des dons dans village SOS, participer aussi aux tournois internationaux des anciennes d’Afrique, pour ne citer que cela.
Quelle est la situation des anciennes gloires du basket sénégalais, qui ont longtemps défendu les couleurs nationales ?
Des femmes mariées qui s’occupent leurs foyers. Comme vous le savez, l’amicale regroupe plusieurs générations, des temps de Ndèye Salah Kane, de Jeanne Diompi et autres… Certaines sont à la retraite, peu d’entre nous travaillent. Il y a quelques entraîneurs et il y a aussi celles qui ont moins de chances. Elles sont là sans occupation.
Quelle est la différence entre l’ancienne et la nouvelle génération ?
Je sais que nous avions à l’époque beaucoup de complicité et le basket était notre vie. C’était d’ailleurs notre force sur le terrain, mais les choses ont beaucoup changé de nos jours, l’argent occupe une place importante. C’est une réalité universelle…
Comment trouvez-vous le niveau du basket local, qui a récemment reçu un stadium de dernière génération ?
Le niveau du basket local au Sénégal a véritablement baissé, car il y a beaucoup de différence de niveau entre les équipes. C’est vrai qu’il y a du travail qui est en train de se faire, depuis un certain temps, et l’Etat s’est même impliqué, en nous offrant un bijou à Diamniadio (Dakar Arena). Mais, il faudrait qu’on aide de plus en plus certains clubs, pour leur permettre de rivaliser avec les grosses cylindrées. Cela va contribuer à rehausser le niveau de notre championnat.
Quelle est la joueuse sénégalaise qui vous a toujours impressionnée ?
Je préfère vous citer deux joueuses. Il s’agit notamment de Marième Ba et Mame Penda Diouf. C’était un plaisir de jouer avec ces femmes, heureusement que j’ai eu la chance d’être dans la même équipe qu’elles.
Comment expliquez-vous que les basketteuses, sur le plan local, n’arrivent toujours pas à vivre pleinement de leur art ?
C’est simple ! Un manque de moyen et de culture sportive. Peu d’entreprises s’intéressent véritablement aux sports dans notre pays. Il est difficile pour des basketteuses de vivre pleinement de leur art sur le plan local et seules les meilleures ou les plus chanceuses arrivent à décrocher des contrats professionnels pour l’étranger.
Quelle stratégie faudrait-il mettre en place pour que le Sénégal retrouve son lustre d’antan, puisqu’il est aujourd’hui bousculé par des équipes comme le Nigeria, le Mali ou encore l’Angola ?
Travailler, encore travailler et encore travailler. Il faut retourner aux méthodes d’avant. Mettre les gens à la place qu’il faut, bien restructurer le basketball sénégalais. Il faut se dire qu’ailleurs les gens travaillent aussi… il faut qu’on essaye de rehausser, comme je le disais par ailleurs, le niveau de notre championnat local, pour pouvoir retrouver notre lustre d’antan. Le Sénégal est un pays de basket, avec une dizaine de titres continentaux chez les dames et au moins 5 pour les hommes.