Le Sénégal engage des poursuites contre un juge français


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Le Sénégal a décidé ce vendredi d’engager des poursuites pour « forfaiture », contre le juge français du tribunal d’Evry, Jean-Wilfried Noël, qui a émis vendredi dernier, des mandats d’arrêt contre neuf personnalités sénégalaises dont l’ancienne Première ministre, Mame Madior Boye, dans l’affaire du naufrage du bateau « Le Joola ».

Un pool d’avocats commis par l’Etat sénégalais a annoncé ce vendredi en conférence de presse que le procureur de la République sénégalaise va initier des poursuites à l’encontre du juge français pour « forfaiture et discrédit portés à nos institutions ».

Selon Me Papa Moussa Félix Sow, membre de ce pool d’avocats, les actes posés par le juge d’Evry portent « atteinte à la dignité de notre pays et au droit international ». « Cette affaire est suffisamment grave pour nos clients et notre pays et appelle une réaction à la mesure d’un affront, d’un Etat à un autre Etat, du juge d’un pays à celui d’un autre Etat », a soutenu Me Sow, en compagnie d’autres avocats sénégalais parmi lesquels, Mes Massokhna Kane, Elhadji Moustpaha Diouf et Aïssata Tall Sall.

« C’est la décision du juge français qui explique la réaction du Sénégal et le président Abdoulaye Wade a décidé de réagir fermement en constituant des avocats pour assurer la défense de nos ressortissants », a-t-il martelé.

Pour les avocats sénégalais, la démarche du juge français « viole le droit international, car l’ancienne Première ministre Mame Madior Boye, l’ancien ministre des Forces armées, Youba Sambou et celui du Transport maritime, Youssouph Sakho, ainsi que le général Babacar Gaye, ancien chef d’Etat major de l’armée, bénéficient d’un privilège de juridiction lié à leurs fonctions actuelles dans des organisations internationales, mais aussi à l’époque des faits ».

Ils ont indiqué que les personnes qui font l’objet de poursuite par le juge français, vont se constituer partie civile, car « Jean-Wielfried Noël ne pouvait ignorer leur statut au moment de lancer des mandats d’arrêt internationaux » contre elles.

M. Jean-Wielfried Noël, juge au tribunal d’Evry, avait lancé le 12 septembre dernier des mandats d’arrêt internationaux à l’encontre de neuf personnalités sénégalaises, dans l’affaire du naufrage du navire « Le Joola » survenu le 26 septembre 2002 au large des côtes gambiennes. La catastrophe maritime avait fait 1.863 morts dont 22 ressortissants français et seulement 64 rescapés, selon un bilan officiel.

L’affaire a été classée sans suite par la justice sénégalaise après la mort du commandant du navire, estimé « seul responsable » de la surcharge du bateau à l’origine de l’accident. « Le Joola » avait à son bord, le jour du drame, près de 2000 personnes pour seulement 500 places autorisées.

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