Le Sénégal décentralise ses villages artisanaux


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Depuis l’alternance politique de 2000 au Sénégal, le ministère de l’Industrie et de l’Artisanat s’emploie à décentraliser les villages artisanaux dans les départements et certaines communes. L’objectif est de promouvoir l’activité artisanale dans tout le pays. Sur le long terme, les autorités espèrent aussi développer le secteur touristique.

Des villages artisanaux dans tout le Sénégal. Le ministère de l’Industrie et de l’Artisanat du pays s’est fixé comme objectif, depuis l’alternance de 2000, de décentraliser les villages artisanaux du pays. Une initiative qui devrait permettre à ceux qui vivent de cette activité de travailler dans de meilleures conditions, de promouvoir leur activité et de gagner en efficacité sur le marché du travail. L’autre projet des autorités consiste à mettre en place des circuits touristiques qui comprendront comme étape certaines de ces structures, afin notamment de faire connaître l’art sénégalais hors des frontières.

Equiper les départements et les communes

Le Sénégal est composé de onze régions, 31 départements et 60 communes. Toutes les régions du pays ouest-africain sont dotées de villages artisanaux. Mais le ministre de l’Industrie et de l’Artisanat Landing Savané a décidé que ce n’était pas suffisant. Alors il a lancé, l’an dernier, un programme qui doit permettre à tous les départements d’avoir leur propre village, si tout va bien d’ici la mi-2005. Lorsque cette tâche sera terminée, l’instance étatique s’attaquera aux communes. Mais certaines de ces dernières sont déjà programmées. « Certaines communes qui ont une forte activité artisanale et qui ont un terrain à disposition peuvent bénéficier du projet plus tôt. En 2003, sept départements ont vu les travaux de construction commencer. En 2004, huit autres circonscriptions sont prévues au programme. Les travaux durent en moyenne 18 mois », explique Moctar Diakhaté, directeur de l’Artisanat.

L’idée est de fournir à un nombre de plus en plus accru d’artisans une structure adéquate où travailler. « Les villages comprennent un hall d’exposition, un bloc administratif qui gérera la structure et un bloc de 20 ou 30 ateliers. Chaque parcelle de travail à une capacité d’environ cinq personnes : un maître artisan, avec un compagnon et des apprentis », précise Moctar Diakhaté. De quoi permettre aux artisans de mettre en avant leurs produits et de pouvoir plus facilement écouler leurs marchandises. « Ce programme va favoriser la création d’emplois et la valorisation des ressources locales », poursuit le directeur de l’Artisanat.

80 millions par village

Pour la réalisation de chaque village, il faut compter environ 80 millions de F CFA. Au départ, les autorités payaient la totalité des frais. Mais les sommes investies ne permettaient le commencement que de deux à quatre chantiers par an. Une autre formule a donc été mise au point. Le coût est maintenant partagé entre l’Etat, qui participe à hauteur de 25% grâce au budget consolidé d’investissement, et les collectivités locales, qui paient le reste. N’est-ce pas trop lourd à gérer pour elles ? « Le ministère a trouvé une astuce. L’argent utilisé par les collectivités provient du fonds d’équipement des collectivités locales. Un fonds fourni par le gouvernement et qui est alloué aux tâches que les conseils municipaux jugent prioritaires », explique Moctar Diakhaté.

Les collectivités semble vraiment s’impliquer dans le processus voulu par le ministère. Elles se chargent par ailleurs de trouver un terrain d’un ou deux hectares, qui pourra être agrandi par la suite, où leur village pourra élire domicile. Elles ont un peu le rôle de « maîtres d’ouvrage délégués » et restent en contact avec les autorités, notamment pour définir les modalités de construction.

Développer le tourisme et l’économie

Dominique Barbe, présidente de l’association d’artisans Cara Colo, estime que cette initiative est définitivement porteuse, surtout si elle se concrétise vraiment dans les faits. « Plus il y aura de pôles d’artisanat et mieux l’artisanat sera représenté. Par ailleurs, les artisans du pays se feront connaître et vendront plus », commente-t-elle, en précisant qu’elle n’a pas beaucoup entendu parlé de ce projet. Une situation peut-être due au fait que le gouvernement ne communique pas de façon médiatique, mais par l’envoi de lettres aux « décideurs » des départements et communes ayant un secteur d’artisanat développé.

En décentralisant les villages artisanaux, le gouvernement espère aussi développer le tourisme et l’économie. « Nous avons décidé depuis plusieurs années déjà d’orienter les tours opérateurs pour qu’ils organisent des circuits qui passent par certains de ces villages. Car les touristes achètent toujours trois ou quatre articles. Certains prennent même des contacts ou passent des commandes. Ceux qui seront satisfaits feront une publicité au village qu’ils auront visité », souligne Moctar Diakhaté. Ce projet est né du constat de l’attraction que constituaient certaines régions du fait de ces villages. A l’image de celui de Soumbedioune, l’un des plus connus du pays. Pourvu que le succès de ce marché ait un effet de ricochet sur ses futurs petits frères.

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