Le Sénégal a célébré ce lundi la première « Journée des tirailleurs » pour commémorer le rôle et le sacrifice des soldats africains des colonies ayant combattu pour la France pendant les deux Guerres Mondiales. Les Présidents du Mali, du Burkina Faso, du Tchad et du Bénin avaient fait le déplacement pour honorer ce devoir de mémoire.
Le 23 août sera désormais, au Sénégal, la « Journée des tirailleurs ». Le Président Abdoulaye Wade avait invité, ce lundi, ses homologues malien, burkinabé, tchadien et béninois à honorer cette première commémoration du genre à la mémoire des soldats africains ayant combattu pour l’empire colonial français, durant les deux Guerres Mondiales. Une place du Tirailleur a notamment été inaugurée pour l’occasion.
Idriss Déby (Tchad), Mathieu Kérékou (Bénin), Amadou Toumani Touré (Mali), Blaise Compaoré (Burkina Faso), ainsi que le Premier ministre mauritanien, Sghaïr Ould M’Bareck, ont répondu à l’appel du chef de l’Etat sénégalais pour cet événement symbolisant un nécessaire devoir de mémoire.
La moitié de l’armée française en 1944
Au lendemain, des commémorations, en France, des débarquements de Normandie (6 juin 1944) et de Provence (15 août 1944), il est bon de rappeler que sur les 560 000 hommes de l’armée française, plus de la moitié (295 000) étaient des tirailleurs « sénégalais ». Un terme générique malheureusement retenu par l’Histoire, qui masque le fait qu’il s’agissait des fils du Continent, du Maghreb à l’Afrique noire. Ainsi les tirailleurs « sénégalais » étaient marocains, algériens, soudanais, ivoiriens, centrafricains, tchadien, gabonais, camerounais ou encore malgaches ou béninois. Bref, issus de tout l’empire colonial français en Afrique.
L’Histoire doit retenir que pour le débarquement du 15 août, la moitié des 250 000 hommes de l’armée française de libération était issu d’un Continent, où fut instauré (au Tchad) la première capitale de la France libre du Général De Gaulle. Sur les 170 000 tirailleurs engagés dans la seconde Guerre Mondiale, 40 000 trouveront la mort, quelque 72 000 seront blessés. C’est, entres autres, pour tous ces sacrifices et contre l’oubli, qu’Abdoulaye Wade, a organisé une journée du souvenir. Journée qu’il aimerait panafricaine.
La place du Tirailleur inaugurée
La stèle de bronze, Demba et Dupont, qui représente un tirailleur sénégalais aux côtés d’un soldat français, trône désormais fièrement sur l’ancienne place de la Gare à Dakar, rebaptisée place du Tirailleur. Une seconde vie pour ce monument qui ornait jadis la place Tascher, avant qu’elle soit rebaptisée place de Soweto. Il avait alors été relégué dans un coin du cimetière chrétien de Bel-air.
A travers cette « Journée du tirailleur », où les combattants oubliés ont enfin récolté une partie des honneurs qui leur sont dus, c’est toute l’Afrique qui est concernée et qui affirme son importante contribution à l’Histoire. Celle de la France, celle du Continent, celle du monde.