Le sel de Djègbadji : un trésor culinaire du sable


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Sel de Djègbadji
Sel de Djègbadji

Perdu entre la mer et le lac Toho, dans la commune historique de Ouidah au Bénin, se cache un savoir-faire artisanal ancestral : la production de sel à Djègbadji. Dans ce petit village, appelé aussi la « cité du sel », des femmes transforment le sable en sel de cuisine avec des techniques qui semblent tout droit sorties d’un laboratoire naturel.

Ce processus est fascinant par sa simplicité et son efficacité. En effet, il révèle un héritage millénaire, respectueux de l’environnement. Ce savoir-faire a su traverser le temps et résister à l’industrialisation.

Djègbadji, la cité salinière

Djègbadji est un village atypique. En effet, il est à la fois isolé et enchanteur. Situé à quelques kilomètres de la Porte du Non-Retour, ce lieu est un symbole fort de l’histoire de la traite négrière. Accessible uniquement par barques, le village vit principalement de la pêche et de la production artisanale de sel. Ici, la modernité n’a pas encore perturbé les traditions locales. Ainsi, la population continue à exploiter les ressources naturelles tout en respectant profondément l’écosystème. En outre, la mer, le lac et la terre se rencontrent pour offrir les conditions idéales à l’extraction de ce précieux chlorure de sodium.

L’artisanat au service de la chimie naturelle

À Djègbadji, préparer le sel est tout un art. Contrairement aux processus industriels qui utilisent des machines sophistiquées, ici, ce sont des matériaux entièrement naturels qui entrent en jeu. Les femmes du village, véritables gardiennes de ce savoir-faire, utilisent un dispositif ingénieux pour filtrer l’eau salée du lac. Ce dispositif est composé de racines de palétuviers, une plante locale abondante dans la mangrove environnante. Grâce à cette filtration naturelle, les femmes extraient le sel contenu dans le sable avec une précision qui pourrait étonner même un chimiste renommé. En effet, Lavoisier lui-même en serait abasourdi.

Du sable au sel : un procédé traditionnel

Le processus commence par le remplissage de grands réceptacles en forme de panier avec du sable. Ensuite, ce sable est arrosé d’eau salée, récupérée directement du lac Toho. Par la suite, l’eau enrichie en sel est filtrée et recueillie à travers un petit tube. Ce liquide filtré est ensuite chauffé dans des fours en terre. C’est, par ailleurs, un autre exemple de l’ingéniosité des méthodes traditionnelles. Ce chauffage provoque l’évaporation de l’eau, laissant derrière le sel pur. Chaque geste est millimétré. Les femmes surveillent attentivement la cuisson et utilisent des noix de palme pour ajuster la concentration en sel.

Un savoir-faire respectueux de l’environnement

La production de sel à Djègbadji se distingue également par son impact minimal sur l’environnement. En effet, ce village a su maintenir un équilibre entre ses activités et la préservation des ressources naturelles. Contrairement à la production de masse, ici, les méthodes employées respectent la biodiversité locale. Par conséquent, les femmes testent régulièrement la salinité de l’eau avec des techniques artisanales, comme l’utilisation de petits cailloux. Ces cailloux flottent ou non en fonction de la densité de l’eau. Finalement, ce savoir-faire permet de produire un sel de haute qualité tout en préservant les espèces aquatiques du lac Toho.

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