Positive Black Soul : « le savoir est une arme, le rap est une force »


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Pochette de l'album
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Positive Black Soul revient sur le devant de la scène avec la sortie d’un album hors-série de 1997, « New-York, Paris, Dakar ». Les pionniers de rap sénégalais reviennent sur la philosophie de leur musique et de cette réédition. Interview.

Plus besoin de présenter les Positive Black Soul, ou PBS. Ils sont, avec Daara J, les deux plus célèbres groupes de rap de Dakar, la première scène hip-hop africaine. Depuis plus de dix ans, Didier Awadi et Doug-E-Tee travaillent à structurer le mouvement au Sénégal et ont été les premiers à exporter leur musique en France et dans le reste du monde. Leur dernière production, New-York, Paris, Dakar, une réédition de 1997, témoigne, avec la présence d’invités aussi prestigieux que KRS One, K-Mel (alors d’Alliance Ethnic), Supernatural, Manu Key, Cut Killer ou DJ Abdel, de leur dimension véritablement internationale. Artistes engagés, ils prônent la responsabilité de tous ceux qui souhaitent s’exprimer au micro.

Afrik : New-York, Paris, Dakar est sorti en cassette en Afrique en 1997. Sa réédition en CD en 2003 ne risque-t-elle pas de marquer une rupture artistique avec votre dernier album, Run Cool, de 2001 ?

PBS : New-York, Paris, Dakar est un hors-série, un collector. Il aurait pu même sortir en 2007. C’est notre bébé à nous, né en 1997, mais qui n’a pas été à l’école, qui n’a pas eu d’éducation, qui n’a été présenté à personne. Il doit être présenté à la famille et au monde.

Afrik : Pourquoi l’avoir appelé New-York, Paris, Dakar ?

PBS : Parce qu’il a été conçu entre ces trois capitales internationales du rap. C’est une véritable connexion entre des MC (Maîtres de cérémonie) de New-York, de Paris et de Dakar. Nous, on vit à Dakar et on voulait montrer une autre image de l’Afrique au monde. Une Afrique où l’on partage, une Afrique qui ne soit pas dernière de la classe. Ça prouve également que le hip-hop appartient à la civilisation universelle. Que tu sois d’Afrique, d’Europe, d’Amérique ou d’ailleurs tu peux kiffer (aimer, ndlr) la musique de la même manière. Nous avons adopté le hip-hop, issu de la culture US, et nous l’avons tropicalisé. Mais en définitive, ça reste le même combat. Le combat pour un monde meilleur.

Afrik : On reproche souvent à votre musique son style virulent…

PBS : On ne fait pas du rap simplement pour plaire aux filles du quartier, on fait du rap pour faire passer des messages et pour essayer de faire avancer les choses. Le savoir est une arme, le rap est une force.

Afrik : Vous avez une dimension politique en quelque sorte.

PBS : A chacun son domaine. Notre truc à nous c’est la musique.Nous ne sommes pas sur le terrain politique. Nous donnons simplement notre avis sur la société. C’est une démarche citoyenne. Mais si le hip-hop est un moyen d’expression formidablement ludique, il reste que les rappeurs doivent faire bon usage du micro. Ils ont une lourde responsabilité dans la mesure où ils peuvent avoir une influence sur le public qui les écoute. Tu ne peux pas te permettre de raconter n’importe quoi au micro.

Afrik : Quel est votre vision du rap sénégalais ?

PBS : Au départ nous étions un peu seuls. Il y a tout un travail de communication qui n’a pas été assez fait et nous ne trouvions pas de relève. Le hip-hop sénégalais avait besoin de se construire. Aujourd’hui, il y a plus de 2 000 groupes dans le pays, il y a plus de 100 productions sur le marché, deux émissions de télé et de nombreuses radios libres. Ça nous montre que nous n’avons pas fait le mauvais choix. Comme nous sommes depuis longtemps dans le circuit, on aide nos frères qui en ont besoin. Nous produisons beaucoup de jeunes.

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