Tension extrême à Abidjan, le sang a coulé


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Drapeau de la Côte d'Ivoire
Drapeau de la Côte d'Ivoire

Le général Gueï, apparemment fort du soutien de l’armée, s’est proclamé élu et a dissout la Commission électorale mardi après-midi. Lui comme Laurent Gbagbo font, chacun de son côté, appel aux « patriotes ». Des combabts ont opposé différentes forces militaires pendant la nuit de mardi à mercredi.

On s’est battu pendant la nuit de mardi à mercredi au camp militaire d’Akouédo, entre factions proches de la junte « auto-reconduite » du général Gueï et forces armées ayant apparemment choisi le camp du candidat élu Laurent Gbagbo. Auparavant, Gueï avait proclamé un couvre-feu, à l’issue de manifestations pro-Gbagbo ayant fait, selon le FPI, neuf morts et de nombreux blessés dans la capitale économique.

Alors que la nouvelle officieuse de la victoire au premier tour de Laurent Gbagbo semblait, mardi 24 octobre, devoir être confirmée par la reprise du décompte des résultats des différents bureaux de vote ivoiriens, le général Gueï a tenté de reprendre en main pouvoir qui paraissait lui être retiré par les urnes.

Vers 14 heures locales, le ministère de l’Intérieur a annoncé que le résultat de nombreuses circonscriptions électorales était invalidé. Le chef de la junte a ainsi proclamé son élection à la présidence de Côte d’Ivoire, cependant que la Commission nationale électorale (CNE) se voyait dissoute, et son président molesté par des « civils » – dans lesquels plusieurs journalistes ont reconnu des militaires proches de la junte. Plus tard dans l’après-midi, Laurent Gbagbo s’est lui-même proclamé « chef d’Etat » et a appelé à « faire barrage à l’imposture ». Le candidat FPI s’exprimait depuis son QG de campagne.

Le caractère « inexploitable » des résultats collectés et la « confusion » des opérations de dépouillement ont été les raisons invoquées par la junte pour proclamer sa victoire. Selon les résultats officiels, le général Gueï aurait obtenu 52,72 % des suffrages contre 41,02 % à Laurent Gbagbo. Le général Robert Gueï n’a pas supporté de se voir privé, in extremis, de la victoire que semblaient devoir lui assurer ses manipulations successives du processus électoral.

Le rôle de la France

Vraisemblablement désavouée par les électeurs, puis confrontée à l’échec de ses tentatives de maîtriser le scrutin, la junte s’est accrochée à son pouvoir de fait, sans attendre que grandisse un éventuel mouvement populaire en faveur du candidat FPI Laurent Gbagbo. Mais dès mardi après-midi, des milliers de partisans de Gbagbo manifestaient dans les rues.

C’est Charles Josselin, ministre français de la Coopération, qui a indiqué, dès mardi matin, en premier le refus du général Gueï d’accepter le résultat des élections et son intention de déposer un recours. L’après-midi même, un autre homme politique français de la majorité, Henri Emmanuelli (interviewé lundi par afrik.com), réitérait devant l’Assemblée nationale sa demande d’un soutien de la France à Laurent Gbagbo. Enfin, vers 17 h 30, le ministère français des Affaires étrangères a mis en garde la junte et critiqué les méthodes « inacceptables » du ministère de l’Intérieur ivoirien.

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