Le Rwanda pourrait déposer en Belgique une plainte contre la France pour son implication dans le génocide de 1994, a fait savoir dans une interview exclusive publiée lundi dans le quotidien « La Libre Belgique », le ministre rwandais des Affaires étrangères, Charles Muringadé.
On rappelle que Kigali a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec Paris après le mandat d’arrêt international lancé contre le président Paul Kagamé et 9 de ses collaborateurs par le juge français Jean-Louis Bruguière. Le juge antiterroriste français les accuse d’être impliqués dans l’attentat contre l’avion du Président Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994.
Tous les diplomates français ont quitté le Rwanda durant le week-end, et le personnel français du Centre culturel français de Kigali, ainsi que de l’école française ont quitté le Rwanda dans la journée de lundi.
Selon le chef de la diplomatie rwandaise, tous les Français liés à des activités gouvernementales, y compris les coopérants, sont tenus de quitter le pays, « la mesure ne concernant pas les Français qui vendent du pain et du vin », a-t-il indiqué.
Des preuves de la participation de la France dans le génocide
Le ministre rwandais a fait savoir que la commission d’enquête sur l’implication de la France dans le génocide poursuit ses travaux. « Les preuves de l’implication des Français dans le génocide sont établies, il s’agit de clarifier, qui était où et faisait quoi au moment du génocide », a-t-il précisé, laissant planer « la possibilité de poursuivre en justice les Français qui ont joué un rôle dans le génocide ».
Après la rupture des relations diplomatiques avec la France, c’est la Belgique qui a été chargée de la protection des intérêts français au Rwanda, a indiqué M. Charles Muringade dans cette interview.
« Il s’agit de prendre soin des biens français sur place, sans plus », a précisé le chef de la diplomatie rwandaise.
« La population rwandaise est furieuse de l’attitude belliqueuse de la France, alors que l’on a toujours pensé qu’avec le temps, les Français abandonneraient cette attitude, mais ce n’est pas le cas, ils ne cherchent pas à calmer les esprits », a-t-il dit.
Le ministre rwandais a poursuivi en disant qu’après le génocide de 1994, il n’y avait pratiquement plus d’intérêts français au Rwanda, « le seuls intérêt que leur ambassade poursuivait est la déstabilisation du Rwanda ».
La Belgique détient le commandement du « Plan de sécurité européen » au Rwanda, en vertu duquel Bruxelles a la responsabilité de coordonner les efforts entre Européens, si une évacuation urgente de leurs ressortissants s’avère nécessaire.