« Rwanda wants to speak English.» Le Français sera banni de l’enseignement et de l’administration rwandaise. La décision a été annoncée ce mardi par le président Paul Kagamé. Il a boycotté le sommet de la Francophonie qui a démarré ce vendredi à Québec, au Canada.
On parlera désormais anglais dans l’administration rwandaise ainsi que dans l’éducation nationale. «Nous donnons la priorité à la langue qui rendra nos enfants plus compétents et qui servira notre vision de développement du pays», a déclaré mardi le président Paul Kagamé. L’anglais deviendra, en remplacement du français, la langue d’enseignement du primaire à l’université et la langue d’administration. La langue de Molière est reléguée au second plan, à l’instar du kinyarwanda, la langue nationale, enseignée avant le primaire. « C’est une décision scandaleuse. Le peuple n’a pas été consulté. Dictatorial, Kagamé a imposé le changement pour renforcer la petite élite anglophone venue avec lui d’Ouganda, du Kenya, de Tanzanie et d’Amérique du Nord avec la guerre », a déclaré Augustin Baziramabo, du Congrès rwandais du Canada.
Rupture politique et culturelle
La décision du président Kagamé s’apparente plus à une décision politique qu’à un virage culturel. Le chef de l’Etat rwandais accuse les autorités françaises d’avoir été complices du génocide rwandais de 1994. Le Rwanda a rompu ses relations diplomatiques avec la France et entend même traduire en justice de hautes personnalités françaises en poste au moment de la tragédie. Depuis quelques mois, la brouille entre la France et le Rwanda est tangible. La Société culturelle franco-rwandaise, l’Ecole française internationale, l’ambassade de France et les bureaux des entreprises françaises sont fermées.
Membre de la Francophonie depuis 1970, le Rwanda devrait certainement annoncer son retrait de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Paul Kagamé n’a d’ailleurs pas fait le déplacement de Québec où se tient, à partir de ce vendredi, le 12e Sommet de la Francophonie. Son pays se tourne désormais vers le Commonwealth, l’équivalent anglais de la Francophonie. Le Rwanda a fait une demande d’adhésion à l’organisation. Elle sera fixée en 2009. L’OIF n’a pas encore fait de déclaration officielle sur l’attitude rwandaise.