Le Rwanda aurait bien violé la souveraineté nationale de l’Afrique du Sud


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L’Afrique du Sud confirme avoir des preuves de l’implication des diplomates rwandais, récemment expulsés, dans la tentative d’assassinat de Faustin Kayumba Nyamwasa, l’ancien général de l’armée rwandaise, réfugié à Johannesburg. L’annonce a été faite, ce mardi, par un membre du cabinet sud-africain.

Le gouvernement sud-africain semble hésiter sur la démarche à suivre après la tentative d’assassinat de Kayumba Nyamwasa. « Quelles que soient les mesures que nous prendrons, ce ne sera pas sous le coup de l’émotion. Je confirme que ces preuves existent. J’appelle au calme et à laisser la police faire son travail », a indiqué, ce mardi, la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Maite Nkoana-Mashabane, au cours d’une conférence de presse à Pretoria.

Le gouvernement sud-africain a expulsé la semaine passée quatre diplomates, trois Rwandais et un Burundais, soupçonnés d’être derrière la tentative d’assassinat de Kayumba Nyamwasa, l’ancien proche du Président rwandais, Paul Kagamé. En réaction, le Rwanda a expulsé six diplomates sud-africains. Les ambassadeurs des deux pays sont néanmoins restés en place. Le Burundi n’a, de son côté, pas réagi, déclarant vouloir « préserver ses liens privilégiés avec Pretoria », rapporte RFI.

« L’Afrique du Sud ne tolérera aucun acte criminel»

La ministre se fait ensuite plus ferme, « nous avons le droit et la responsabilité, en tant qu’Etat, d’assurer la sécurité de tous les ressortissants et visiteurs d’ Afrique du Sud, quel que soit leur pays d’origine. L’Afrique du Sud ne tolèrera aucun acte criminel ou illégal de la part de quelque personne que ce soit et quel que soit son pays d’origine ». Le Rwanda a réfuté l’implication du pays dans toute « activité illégale » en Afrique du Sud.

Mercredi dernier, déjà, le ministre sud africain de la Justice, Jeff Radebe, avait déclaré avoir « des preuves » sur la participation des diplomates rwandais aux multiples « tentatives de meurtre » de l’ancien chef d’état-major rwandais, Kayumba Nyamwasa, et à « l’assassinat » de l’ancien chef des renseignements extérieurs, Patrick Karegeya, opposant en exil, retrouvé mort dans une chambre d’hôtel, alors qu’il avait été étranglé. Le gouvernement rwandais avait alors nié son implication par l’intermédiaire de son ambassadeur en Afrique du Sud, Vincent Karega

Un conflit politique

Cette crise diplomatique est encore minimisée par Pretoria qui semble éviter une opposition directe avec le régime de Kigali. Des intérêts politiques seraient aussi en jeu. Autour de 1 200 soldats d’Afrique du Sud participent à la brigade d’intervention de l’ONU, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC), région où le Rwanda est influent et a notamment soutenu l’ex-rébellion armée du M23, selon un rapport des Nations Unies. De plus, le Président sud-africain a signé en octobre dernier des accords énergétiques avec la RDC dans cette région. Des intérêts a ne certainement pas compromettre.

Alors que l’opposition sud-africaine se pose des questions devant la réaction plus que timide du gouvernement de Jacob Zuma, l’approche des élections en mai prochain pourrait pousser le gouvernement à plus de fermeté.

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