Un nouveau rapport de Human Rights Watch (HRW) publié ce mercredi dénonce à nouveau les « détentions illégales » notamment de mendiants et de mineurs ainsi que les « mauvais traitements » à l’oeuvre dans la prison de « Kwa Kabuga », dans le quartier de Gikondo de la capitale rwandaise, Kigali.
Human Rights Watch (HRW) a accusé ce mercredi le gouvernement rwandais d’arrêter les enfants des rues, les mendiants, les vendeurs ambulants et les sans-abris de la capitale Kigali pour donner l’image d’une ville propre et développé. La plupart de ces personnes sont ensuite placées en détention dans la prison du quartier de Gikondo, « Kwa Kabuga », pour une durée indéterminée dans des conditions extrêmes.
L’Organisation non-gouvernementale internationale basée à New-York a enquêté entre 2011 et 2015, 57 prisonniers ont été interrogés et les conclusions de ce document intitulé « »Pourquoi ne pas appeler cet endroit une prison ? » sont accablantes. Cette enquête fait suite à un premier rapport paru en 2006. Les autorités avaient prétexté que Gikondo était un centre de transit et de réhabilitation. Le lieu, qui avait servi de centre d’interrogatoire pour les suspects du génocide de 1994, avait alors été fermé quelques mois avant d’être rouvert, selon RFI.
Une sortie qui se monnaye entre 10 et 20 euros
« La communauté internationale et les visiteurs internationaux qui se rendent au Rwanda sont toujours en train de louer le Rwanda et particulièrement la capitale pour sa propreté, pour l’ordre, pour le fait que tout marche bien. Mais ce que ces gens ne voient pas, ce sont les conditions déplorables du centre de détention de Gikondo où sont détenues toutes les personnes considérées indésirables par les autorités », a déclaré une chercheuse de Human Rights Watch, Carina Tersakian.
Selon l’organisation, les détenus manquent de nourriture, d’eau, d’un accès à des sanitaires, et à des médicaments. Le surpeuplement et les mauvais traitements rendent encore plus difficile les conditions de vie dans cette prison, selon HRW. L’institution indique encore dans son rapport que la corruption est très répandue à Gikondo, encadrée par les détenues les plus anciens qui joueraient le rôle de « conseillers » auprès des gardiens. Alimentée par une absence totale de procédure judiciaire autour des arrestations et des détentions, la sortie de prison se monnaye à près d’une dizaine d’euros pour les femmes et d’une vingtaine pour les hommes.
L’organisation a appelé les autorités rwandaises à « fermer immédiatement » ce lieu de détention. Elle a demandé à la communauté internationale de faire pression sur le Rwanda pour mettre un terme à ces agissements.