Le roi des Pays-Bas a présenté ses excuses pour le rôle actif de son pays dans l’esclavage. Le roi Willem-Alexander a demandé pardon au nom de ses ancêtres et a dit être personnellement très affecté.
« Aujourd’hui, je me tiens devant vous. En tant que votre roi et en tant que membre du gouvernement, je présente moi-même ces excuses aujourd’hui (…) Les rois de la maison d’Orange n’ont rien fait pour l’empêcher. Aujourd’hui, je demande pardon pour cette inaction« , a déclaré sa majesté Willem-Alexander. Le roi des Pays-Bas a prononcé ce discours à Amsterdam, devant de nombreux descendants d’esclaves. Le discours a eu lieu lors de la commémoration nationale de l’histoire de l’esclavage. Le discours était retransmis en direct à la télévision nationale, mais aussi au Suriname et dans la partie caribéenne du Royaume.
Il y a 150 ans, l’esclavage a officiellement pris fin dans toutes les colonies néerlandaises. Willem-Alexander a rappelé que l’esclavage était un crime contre l’humanité. Il a également déclaré: « Nous portons avec nous les horreurs du passé esclavagiste. Les effets se font encore sentir, par exemple à travers le racisme« .
L’esclavage, une rente financière pour la Hollande
Il y a six mois, le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, s’était déjà excusé, au nom du gouvernement néerlandais, pour ce qui avait été fait aux esclaves. Mais l’esclavage a rapporté énormément d’argent aux Pays-Bas. Une étude du ministère de l’Intérieur et des Relations du Royaume estime à l’équivalemment de 545 millions d’euros indument perçu grâce au colonialisme et à l’esclavage. Ce chiffre pourrait encore être révisé à la hausse.
Il faut noter que le royaume hollandais n’était pas une exception en Europe, tous les monarques ont tirés profit de ce commerce du bois d’ébène.
L’esclavage a été pratiqué par les Pays-Bas à partir de 1625 et de la colonisation du Brésil. Elle a duré pendant trois cents ans d’expansion coloniale au cours des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Commerçants, les Hollandais ont surtout établi des comptoirs commerciaux en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie. Dans ces colonies, les Néerlandais utilisaient des esclaves pour travailler dans les plantations de canne à sucre, de tabac, de café notamment.
Une fin officielle de l’esclavage longtemps peu suivie d’effet aux Pays-Bas
L’une des colonies les plus importantes des Pays-Bas a été Suriname, située en Amérique du Sud. Pendant près de deux siècles, les Néerlandais y ont pratiqué l’esclavage. Les esclaves étaient principalement originaires d’Afrique de l’Ouest et étaient contraints de travailler dans les plantations de canne à sucre, pour produire du sucre et du rhum à destination de l’Europe.
Lire aussi : La culpabilité des Églises Néerlandaises dans l’holocauste noir
L’abolition de l’esclavage aux Pays-Bas a eu lieu relativement tard par rapport à d’autres pays européens. Les Néerlandais ont finalement aboli l’esclavage, en 1863, dans les colonies néerlandaises des Caraïbes, et en 1873 à Suriname. Cependant, même après l’abolition formelle de l’esclavage, les anciens esclaves ont continué à être soumis à diverses formes de discrimination et d’oppression, pendant de nombreuses années.
Aujourd’hui, les Pays-Bas reconnaissent leur passé lié à l’esclavage et font des efforts pour faire face à cet héritage historique. Des initiatives ont été prises pour promouvoir l’éducation et la prise de conscience sur l’histoire de l’esclavage, ainsi que pour soutenir les descendants d’esclaves dans leur recherche d’égalité et de justice.