Décidément, les époques changent, les mentalités évoluent, les peuples s’émancipent de plus en plus, la démocratie se réinvente elle-même avec de nouvelles normes et grilles de lecture politique, dans un espace globalisé très mouvant, dans lequel les acteurs et observateurs politiques perdent de plus en plus pieds. Désormais, des personnes méprisés ou humiliés, qu’on n’attendait pas, tiennent les premiers rôles dans une démocratie en perpétuel mouvement et qui
échappe complètement à ceux qui pensaient la maîtriser et la posséder.
Les populations prennent leur responsabilité
En effet, pendant de très nombreuses années la politique était faite dans des démocraties inertes et vieillissantes, notamment en occident et devenait ennuyeuse et trop prévisible. Elle a fini par lasser et repousser tous ceux, notamment les jeunes qui ont envie de mouvements, de changements, d’actions et de nouveautés. C’est comme en amour, lorsque la relation s’installe dans la routine, sans réels mouvements, sans surprises plutôt agréables, elle finit par lasser. Les disputes, les mensonges et distanciations prennent alors le dessus. Les séparations et les divorces deviennent ensuite de sérieuses menaces pour le couple. De la même manière, en politique, lorsque les différents partis se succèdent à la tête de l’Etat, sans apporter de changements dans la vie des populations, celles-ci, se décident alors elles-mêmes à prendre leur responsabilité. Si malgré les multiples alternances de politiques au fil des années, entre partis politiques « traditionnels », rien ne change dans la vie des populations, il arrive un moment où elles se tournent vers d’autres solutions politiques, parfois considérées comme « politiquement incorrectes » par les acteurs et observateurs politiques « traditionnels ».
Malheureusement, ces derniers fondent jusqu’à présent toutes leurs analyses et appréciations sur des schémas traditionnels qui semblent désormais obsolètes et dépassées par apport aux attentes et préoccupations des populations. On le voit encore dans l’affaire dite du « Pénélopegate », qui empoisonne la candidature de François Fillon, à l’élection présidentielle française. Comme toujours, certains acteurs politiques et médias amplifient cette affaire « d’emploi présumé fictif » de son épouse et de ses enfants. Est-ce nouveau ce genre d’affaire en politique, pour lui donner autant d’importance ? Comme d’habitude, tout le monde se nourrit donc de cette affaire immorale, pour faire valoir son expertise, ses analyses ou sa probité morale, jusqu’à ce qu’un jour on découvre des « affaires » semblables sur les uns et les autres. Et à nouveau, pendant plusieurs mois, on aura encore droit aux mêmes commentaires, analyses ou expertises qui finissent par lasser les populations.
Décalage entre le peuple et système politique
Pourquoi chercher à humilier et discréditer quelqu’un qui a été désigné légitimement par plus de quatre millions de français pour représenter un parti politique à cette élection ? Ne peut-on pas laisser la justice faire sereinement son travail sans que tous les médias s’en mêlent et fassent le procès de ces femmes et hommes politiques ? Combien de femmes et d’hommes politiques sont en réalité concernés par cette pratique contestable condamnable ? Va-t-on faire autant de bruits pour chacun d’entre eux, au détriment des problèmes de la pauvreté, du chômage, du manque de logement etc en France ? Voilà que Marine Le Pen est elle aussi sous la pression médiatique pour une histoire également « d’emploi présumé fictif » de ses collaborateurs au sein de l’Union Européenne. Cette forme d’interactivité très douteuse entre les acteurs politiques et les grands médias commence à semer le dégoût au sein des populations. Certains médias sont même les propriétés de certains acteurs politiques de premier plan, ou d’industriels proches d’hommes politiques. Ces médias peuvent donc être utilisés comme « armes politiques redoutables » pour « tuer politiquement » des adversaires. En occident, et notamment en France, les populations semblent désormais prendre de la distance avec toutes ces affaires « trop médiatisées » qui donnent l’impression de s’acharner sur un individu pour l’affaiblir politiquement. Ce n’est pas ce que les populations attendent des acteurs politiques vis-à-vis de leurs préoccupations quotidiennes.
Décalage entre le peuple et les acteurs politiques et autres experts
Sinon, comment expliquer qu’en dépit de la très forte mobilisation et médiatisation de la « prétendue » victoire d’Alain Juppé à la primaire de la droite en France, selon les sondages d’opinions, ce dernier ait été battu par celui que les observateurs politiques, donnaient perdant en troisième position ? Comment expliquer aussi que Benoit Hamon dont la candidature à la primaire de la Gauche en France faisait rire ces mêmes observateurs politiques, soit finalement celui qui a été élu pour représenter ce parti ? Que dire alors de Donald John Trump, qui avait été très « chargé » par tous les médias, les instituts de sondages et autres experts ou observateurs politiques du monde pendant plus d’un an ? On a tout dit de négatif sur l’homme. Absolument tout. Mais cela n’a pas empêché les américains de l’élire chef de l’Etat. En Angleterre, les populations ont également déjoué tous les pronostics des experts et autres observateurs sur le Brexit. Dans plusieurs pays européens, les populations n’hésitent plus à élire des partis d’extrême droite ou d’extrême gauche pour bien signifier aux formations politiques traditionnelles que désormais, le peuple prend lui-même ses responsabilités. Il y a un grand décalage entre la volonté des peuples et le système de pensée traditionnel et les agissements des acteurs politiques ainsi que des experts ou observateurs politiques qui s’inter-influencent mutuellement, dans une dynamique systémique qui n’a pas encore prise conscience de ce décalage qui les éloigne des réalités du peuple.