Cette année encore, du 15 septembre, jour du lancement officiel de la très prisée loterie américaine, au 3 novembre, date de sa fermeture, des milliers de Camerounais ont frappé aux portes des Etats-Unis d’Amérique. Ils voulaient tenter leur chance, comme des millions d’autres personnes dans le monde entier qui rêvent d’avoir la nationalité américaine et bénéficier de ses avantages.
De notre correspondante
A Yaoundé, un tour rapide de quelques quartiers nous fait voir la même image : presque toutes les rues arborent des banderoles annonçant la DV Lottery. Les cybercafés où l’inscription et autres renseignements s’obtiennent ne désemplissent pas non plus. L’effervescence est perceptible.
Nous nous rendons dans le cybercafé dénommé 100% à Ngoa Ekelle, un quartier estudiantin. L’accueil n’est pas très chaleureux. Le propriétaire Ghislain Banda nous confie après plusieurs négociations et beaucoup d’insistance qu’il effectue cette activité depuis plus de 10 ans. Et chaque année, le nombre de personnes qui sollicitent une inscription à la DV Lottery va croissant. Impossible cependant d’avoir un seul chiffre. Tout comme nous ne saurons pas combien de personnes se sont déjà inscrites cette année dans son cybercafé. On apprend tout de même qu’ici on joue le rôle de facilitation et d’encadrement des candidats à la « green card ». Ghislain Banda explique : « Quand nous recevons un client, nous lui expliquons la procédure. Nous lui faisons une photo, nous la traitons selon la norme requise, nous remplissons sa fiche nous mettons toutes ses informations en ligne. Pour ceux qui n’ont pas de boîte postale ou d’adresse électronique, nous mettons la nôtre à contribution. Mais ce qui est déterminant c’est la photo, quand la photo est bonne et remplit les conditions requises on a plus de chance de gagner la loterie américaine. »
A côté du cybercafé 100%, se trouve Volcanet Telecoms. Ici l’accueil est plus chaleureux. William Dietchou, le gérant nous confie que trois semaines après le début de la campagne d’inscription à la DV Lottery, son cybercafé a reçu 400 Camerounais, tous sexes confondus, qui rêvent de fouler le sol américain. Selon lui, la différence entre les hommes et les femmes n’est pas grande.
Joséphine Ngassam fait partie des nombreux candidats à la nationalité américaine. Elle est du corps de la Gendarmerie nationale camerounaise et nous livre ses motivations: « C’est juste parce que la vie est trop dure au pays. Il faut chercher ailleurs. » Elle a été encouragée dans sa démarche par le succès des personnes de son entourage. « J’ai une cousine qui a gagné cette loterie il y a trois ans. Elle est partie et ça se passe bien pour elle là-bas. J’ai également des collègues de service qui ont réussi à partir grâce à la loterie américaine », explique-t-elle. Quand on sous-entend qu’appartenir à un corps comme le sien et vouloir partir de cette manière c’est trahir son pays, elle se défend : « Ce n’est pas principalement pour moi que je vais jouer à la loterie américaine mais pour les enfants. Moi, ça ne me dérange pas de rester ici. »
Heurs et malheurs des candidats
L’an dernier à Volcanet Telecoms, 12 Camerounais sur 200 ont obtenu la nationalité américaine. Cependant 4 n’ont pas pu effectuer le voyage à cause des problèmes financiers.
Malgré l’engouement des Camerounais à jouer à la loterie américaine, de nombreuses arnaques existent et sont dénoncées. Par exemple, l’inscription est gratuite selon le site officiel. Mais certains intermédiaires prennent 1000 Francs CFA pour vous aider à vous inscrire, d’autres se font passer pour des mandataires de la DV lottery aux USA pour escroquer des personnes naïves. Leur tactique est simplement. Ils vous font croire qu’en passant par eux, vous avez plus de chance de réussir. Mais pour plus d’assurance, ils vous demandent de payer une somme parfois exorbitante pour bénéficier de leurs services.
Victor Onana est l’une des rares victimes qui acceptent de se confier. Il y a trois, il s’est inscrit dans un cybercafé de la place pour participer à la loterie américaine. Quelques temps après son inscription, il reçoit dans sa boîte électronique le message d’un soi-disant avocat américain qui serait mandaté pour être facilitateur pour le compte de la DV Loterie. Ce dernier le convainc du bien fondé de son action et l’emmène à lui verser 750 dollars pour qu’il suive son dossier et lui permette de multiplier ses chances de gagner à la loterie américaine. Une fois le transfert effectué, Victor n’est plus parvenu à rentrer en contact avec « l’avocat ». Des cas comme ceux-ci sont de plus en plus rares, et malgré les arnaques, les rêveurs d’une nationalité américaine sont chaque année plus nombreux.