La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) quittera définitivement le territoire malien le 15 novembre 2024. Etape qui marque la fin d’un processus de retrait amorcé depuis le départ forcé de la mission en 2023. Ce retrait, approuvé par le Conseil des ministres malien, s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre le gouvernement de transition et les Nations Unies, et met un terme à dix années d’intervention onusienne visant à stabiliser le pays face à la menace croissante du djihadisme.
Perte de confiance des autorités maliennes
La Minusma avait été déployée au Mali en 2013 suite à l’insurrection djihadiste et à l’instabilité politique qui avaient secoué le pays. Elle avait pour mission d’accompagner les autorités maliennes dans le renforcement de la paix et de la sécurité, en réponse à la dégradation rapide de la situation sécuritaire. Cependant, cette mission a progressivement perdu la confiance des autorités maliennes, qui ont critiqué son inefficacité face à la recrudescence des attaques djihadistes.
Le retrait de la Minusma a impliqué plusieurs étapes, notamment la « liquidation » des actifs de la mission. Ce processus inclut la remise des infrastructures et équipements aux autorités maliennes, ainsi que la résiliation des contrats en cours. Depuis le début de l’année 2024, les bases de la Minusma ont progressivement été démantelées ou transférées aux forces armées maliennes. Ce qui signale la volonté de Bamako de reprendre le contrôle des opérations de sécurité dans tout le pays.
Limites de la mission à empêcher les incursions djihadistes
Ce départ marque la fin d’une mission au bilan contrasté. Bien que la Minusma ait joué un rôle essentiel dans la protection de certaines zones contre les groupes armés, elle a souvent été critiquée pour son manque d’efficacité et ses limites opérationnelles. Dans plusieurs régions du Nord et du centre du Mali, la mission n’a pas réussi à empêcher les incursions djihadistes ni à freiner la violence intercommunautaire, non sans laisser les populations vulnérables à ces conflits.
Les autorités maliennes ont, pour leur part, mis en avant leur désir de souveraineté pour justifier ce départ. Elles affirment vouloir désormais compter sur leurs propres forces et leurs partenariats internationaux. Notamment avec la Russie, pour assurer la sécurité nationale. Cette stratégie repose sur une collaboration étroite avec le groupe Wagner, une société de sécurité russe dont la présence au Mali a suscité des inquiétudes dans la communauté internationale.
La capacité des forces nationales maliennes à l’épreuve
Le retrait de la Minusma laisse le Mali dans une situation périlleuse. Alors que les groupes armés continuent de menacer le pays, le vide laissé par la mission de l’ONU pose la question de la capacité des forces nationales maliennes à contenir les violences. De nombreux acteurs de la société civile malienne ont exprimé des inquiétudes face à cette nouvelle étape. Ils redoutent que l’absence de la Minusma ne fragilise davantage la sécurité des populations dans les zones reculées et rendent encore plus difficile l’accès à l’aide humanitaire.
Des ONG locales et internationales ont d’ores et déjà alerté sur les conséquences potentielles du retrait de l’ONU, notamment en matière de protection des civils et de droits humains. À l’international, plusieurs pays et organisations redoutent une contagion de l’insécurité malienne vers les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger, qui sont également confrontés aux mêmes défis sécuritaires liés aux groupes armés djihadistes. Pour Bamako, l’enjeu est désormais de prouver sa capacité à gérer seule la situation sécuritaire.