Le retour du criquet pèlerin


Lecture 3 min.
Un criquet
Un criquet

En dépit des mesures prises par les pays concernés, le criquet pèlerin menace toujours l’Afrique du Nord-ouest selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). La Mauritanie, le Maroc et l’Algérie sont les pays les plus exposés à l’heure actuelle.

Le Criquet pèlerin menace l’Afrique du Nord-Ouest plus particulièrement la Mauritanie, le Maroc et l’Algérie. Moins exposés, la Tunisie, la Libye, le Niger et le Mali sont également concernés. C’est ce qu’indique l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) qui, depuis fin octobre, date de la première alerte, ne cesse d’attirer l’attention des pays concernés et de l’opinion publique sur ce qui pourrait être la plus importante invasion de criquets pèlerins jamais connue depuis une dizaine d’années dans cette zone. A l’origine du phénomène : des conditions environnementales des plus favorables au criquet pèlerin dans le Sahel, son habitat naturel.

Des pluies, pendant plus de six mois, « bien réparties dans le temps et dans l’espace », souligne Annie Monard, acridologue à la FAO, ont assuré une couverture végétale idéale à la reproduction du criquet. Les criquets, après avoir atteint une masse critique se déplacent « en bandes larvaires ou en essaims d’adultes » qui peuvent parcourir des milliers de kilomètres. Pourtant, « les pays victimes se sont mobilisés très rapidement », indique la scientifique. Le Maroc et l’Algérie ont tout de suite porté une assistance technique et matérielle (véhicules et pesticides), aux pays voisins : Mauritanie, Mali et Niger. « La Mauritanie s’est énormément mobilisée et le Mali a très bien réagi », continue-t-elle.

Le criquet profite de la pluviométrie

Une nécessité compte tenu de la progression de l’insecte qui se déplace du Nord vers l’Est. Depuis, il est arrivé au Maroc où il menace la récolte d’agrumes, d’une valeur de 400 millions de dollars, qui s’exporte vers l’Europe et l’Amérique du Nord. Un pays qui avait traité, entre fin février et début mars, selon l’expert, près d’un million d’hectares. « Le type d’infestation : mélange de larves et de criquets non matures (qui ne sont pas capables de se reproduire, ndlr) nécessite un traitement en couverture totale », poursuit-elle. Cependant, la zone extrême Sud du Maroc et le nord de la Mauritanie restent des régions difficilement accessibles. Des opérations de ce type sont également au cours en Algérie.

La FAO a déjà consacré, dans le cadre d’un programme d’urgence, près de 800 000 dollars à la Mauritanie et au Maroc dans le cadre de sa campagne acridienne et compte dépenser plus du double pour aider dans un futur proche l’Algérie, le Mali, le Niger, le Soudan et le Tchad. La dernière estimation de l’organisation, qui remonte au 8 avril, indiquait qu’il fallait près de 17 millions pour juguler le phénomène durant le printemps et traiter, pendant l’été, les aires de reproduction du criquet au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Une estimation qui, compte tenu de la situation actuelle, devra être revue à la hausse selon Annie Monard. La dernière invasion des criquets pèlerins remonte aux années 1987/89 et a généré près de 300 millions de dollars de pertes.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News