Dominik Coco fait partie des chefs de file de la nouvelle scène musicale guadeloupéenne. Le chanteur qui revendique sa culture créole s’appuie sur la tradition pour façonner ses sons. Il préfère d’abord avoir la reconnaissance et l’appui des siens pour s’exporter hors de son île. Il est en concert à Paris, le samedi 18 octobre, dans le cadre du festival Vibrations Caraïbes.
Le chanteur guadeloupéen Dominik Coco a changé. Il rompt avec le style « zouk love » de ses débuts. Désormais en solo, il s’épanouit dans un registre qui lui correspond mieux. Un style plus « roots », développé dans son précédent album (Lakou Zaboka Project, 2003), auquel il a dû trouver un nom : la «Kako music». Dans son nouvel album Lèspri Kaskòd qui signifie «esprit libre», l’artiste fait référence aux nègres marrons qui ont « su sauvegarder et transmettre leurs modes de vie africains et même partiellement leurs langues d’origine ».
Dominik Coco se place entre modernité et tradition. Il mêle différents sons avec une base de musique traditionnelle, le Gwo-ka qui tire son nom du « ka » (le tambour). « Pour moi, cet instrument symbolise mes origines, il parle de mes racines », explique le chanteur guadeloupéen « Le ka vient de nos ancêtres africains, il nous rappelle d’où l’on vient », ajoute-t-il. Dans son opus, le chanteur guadeloupéen se pose comme garant de la culture créole libérée de « ses complexes ». « Dans la chanson chivé Natirèl (cheveux naturels), j’invite les jeunes à ne plus avoir honte de leurs cheveux, de leur identité. Il faut arrêter le défrisage pour faire comme les Blancs », confie-t-il. On retrouve ici l’esprit rasta, le retour à la nature cher à l’artiste. « J’aime ce message. Ce retour à l’ordre des choses, l’idée d’être en phase avec ses créateurs », ajoute Dominik Coco.
Le clip de « Zion Zouk »
Une identité créole marquée
Le chanteur revendique son identité. Il reprend dans son dernier titre un texte du poète nationaliste Sony Rupaire. « J’ai choisi ce grand homme car c’est celui qui exprime le mieux son amour pour son archipel, sa fierté d’être guadeloupéen et ses combats pour la liberté », explique-t-il. Il lui rend aussi hommage dans Mai 67. Une date tragique qui a marqué l’histoire de la Guadeloupe. « En 1967, à Pointe-à-Pitre, des ouvriers sous-payés se sont mis en grève pour réclamer l’augmentation de leurs salaires. Cette manifestation s’est terminée en émeute et l’armée a riposté sur la foule. On a dénombré une centaine de victimes », raconte le chanteur. « Je voulais parler de cet événement tragique car il constitue notre histoire », ajoute-t-il. Pour Dominik Coco, le musicien doit parler de l’histoire noire, « raconter la Guadeloupe ».
Pour son opus, Dominik Coco s’est entouré d’artistes variés comme le rappeur guadeloupéen Fuckly et la chanteuse malienne Mamani Keita. « J’ai rencontré Mme Keita à l’occasion du dernier festival Gospel et Racines à Cotonou au Bénin. Elle a une voix magnifique, je l’ai tout de suite voulue pour mon album. Pour Fuckly c’est différent, je le connais depuis ses débuts. C’est un rappeur qui a une plume très fine », confie le chanteur.
Avis, « Lèspri Kaskòd » sorti en juin 2008 devrait contenter tous les amateurs de Zouk et de Gwo-Ka, et susciter l’intérêt des novices, curieux de sonorités nouvelles.
A l’occasion du festival Vibrations caraïbes, Dominik Coco sera en concert samedi 18 octobre à 20 h à la maison des cultures du Monde, 101 boulevard Raspail 75006 Paris
Pour commander l’album de Dominik Coco, Lespri Kaskod
Lire aussi : Les descendants d’esclaves ont grandi