Le cinéma africain a trouvé cette année au Festival de Cannes un véritable espace de promotion grâce au Pavillon des Cinémas du Sud, lieu de rencontres, d’échanges et de projections. Une heureuse initiative qui a dégagé d’importantes perspectives de développement.
Le Pavillon des Cinémas du Sud est certainement la meilleure initiative à destination des films du continent africain de cette édition 2003 du Festival de Cannes. Ce lieu a déjà permis d’informer, de favoriser des rencontres, et de donner une meilleure couverture médiatique aux films du Sud, peu mis en valeur dans la compétition cannoise.
Pour le coordinateur de ce projet au ministère des Affaires Etrangères (MAE), Christian Boudier, l’initiative partait d’un constat simple : » A Cannes, il y a le faste des films en sélection, mais aussi tout ce qui se passe autour : le marché du film, et le village international, où les nations les plus richement dotées hissent traditionnellement leur pavillon. Au milieu de tout cela, le parcours cannois d’un réalisateur ou d’un producteur du Sud, issus de ces cinématographies que l’on qualifie pudiquement de » fragiles « , s’apparente trop souvent à celui du combattant « .
Rencontres professionnelles
Le Pavillon Cinémas du Sud a, en ce sens, parfaitement rempli son rôle. Lieu de rencontres, et refuge pour les représentants du Sud, il a permis également à des films de se faire connaître grâce aux dizaines de projections organisées sur le stand et dans le cinéma des Arcades proche du Palais. Le volet information a surtout concerné cette année la mise en place du plan Africa Cinémas lors d’une grande journée de rencontres professionnelles, où a été évoqué l’avenir du financement des films du Sud, et de leur diffusion.
Ce fut l’occasion en particulier de présenter et de débattre des modalités de la nouvelle structure Africa Cinémas qui gère la nouvelle aide à la diffusion des films locaux en Afrique sub-saharienne. L’année prochaine, le point de rencontre demeurera, et les projets ne manquent pas, comme le souligne Christian Boudier : » Nous travaillons sur une idée de Gilles Jacob : présenter des films Africains en numérique dans le cadre de ce Pavillon, ce qui permettrait à ces films, pas encore tout à fait terminés, de trouver des financements pour un éventuel kinéscopage et une sortie en salles « .
La carte CFI
Autre projet, convaincre Canal France International (CFI), partenaire du Pavillon, d’acheter les films soutenus par Africa Cinéma, et de les échanger auprès des télévisions africaines contre des spots publicitaires de promotion de ces films pour leur sortie en salles (un système que les américains pratiquent pour leurs propres films). Enfin, le mouvement doit être également porté par les pays africains eux-mêmes, via une volonté politique.
» Il existe un programme de l’Union Européenne de coopération avec le Sud, » Europe Aide » qui distribue en moyenne 150 millions d’euros par pays chaque année. Aujourd’hui, la culture, et plus particulièrement le cinéma, font rarement partie des secteurs d’attribution de ces aides. Or la liste de ces secteurs est déterminée par chaque gouvernement. Le Mali a déjà fait un premier pas en intégrant la culture dans les demandes de soutien d’Europe Aide, et a pu obtenir 5 millions d’euros. Si chaque pays s’y mettait, c’est un message à faire passer « , conclue Christian Boudier. Détail final et argument supplémentaire pour le renouvellement de cette initiative l’année prochaine : le stand commun a coûté moins cher à chacun des partenaires (Fonds Sud du CNC, MAE, Agence Intergouvernementale de la Francophonie…) que lorsque chacun avait son propre emplacement de son côté !