Le référendum constitutionnel divise les Egyptiens


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Le référendum constitutionnel de samedi polarise la scène politique égyptienne. Ce vote porte, notamment, sur des amendements constitutionnels qui prévoient de limiter la période de présidence à deux mandats de 4 ans. Des réformes que de nombreux Egyptiens estiment trop timorées, et réclament l’abrogation pure et simple de la Constitution.

La jeunesse révolutionnaire appelle à voter «non». Près de 500 jeunes militants ont manifesté vendredi à la place Tahrir au Caire pour réclamer l’abrogation de la Constitution et la rédaction d’une nouvelle loi fondamentale. Les manifestants, qui scandaient « à bas la Constitution, le peuple veut une nouvelle Constitution », s’opposent à l’adoption du référendum de samedi. Un vote important qui divise les Égyptiens.

Le « oui » de la stabilité politique ?

Il s’agit d’un vote historique pour la transition démocratique en Égypte. L’adoption du texte permettrait une limitation de la période de présidence à deux mandats de 4 ans contre un nombre illimité de 6 ans actuellement. La réforme donne également la possibilité aux candidats indépendants et de l’opposition de briguer le fauteuil présidentiel. Les amendements instaurent en outre des limites à l’État d’urgence en imposant un référendum dans le cas d’une prolongation au-delà de six mois.

Les partisans du « oui » estiment que l’adoption du référendum va ramener la stabilité politique dans le pays. « La population espère un retour à la normale », a affirmé le porte-parole de la confrérie des Frères musulmans, Essam Eriam, à France 24. « Une victoire du « non » signifierait un vide politique, alors que la victoire du « oui » rendrait le pouvoir au peuple…Ceux qui soutiennent le « non » considèrent que les amendements donnent trop de pouvoir au président. Mais ce qui est important, c’est de regagner la stabilité politique maintenant », a ajouté ce dernier.

Le Conseil suprême des forces armées, qui assure l’intérim politique au Caire depuis la chute de l’ancien régime, est en charge du transfert du pouvoir à un gouvernement civil élu. Cette victoire devrait déboucher sur des élections législatives et présidentielles dans six mois.

Des réformes constitutionnelles timorées

Une partie de la classe politique nationale demeure sceptique sur les modifications apportées sur la loi fondamentale. Candidat aux prochaines élections présidentielles, Amr Moussa a appelé mercredi les citoyens égyptiens à voter « non » lors du référendum constitutionnel. « Rejeter les changements constitutionnels est la bonne décision à prendre pour les électeurs qui se rendront aux urnes », a déclaré le secrétaire général de la Ligue arabe dans un communiqué. Les partisans du « non » reprochent au groupe de juristes nommés par le Conseil suprême des forces armées de n’être pas allé assez loin dans les réformes constitutionnelles. Ils estiment qu’en dépit des modifications, les prérogatives du président demeurent trop vastes et dénoncent l’organisation précipitée d’un référendum cinq semaines après la démission forcée de Hosni Moubarak, l’ancien dirigeant du pays.

L’ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et haut protagoniste de la révolution, Mohammed El-Baradei, demande lui aussi une refonte totale de la Constitution ainsi qu’un report des élections. Certains craignent que des élections dans six mois favorisent le Parti national démocratique (PND, parti de l’ex-président déchu) et les Frères musulmans, les organisations politiques les plus structurées, au détriment d’autres partis créés après la révolution, mentionne The Canadian Press.

Beaucoup de jeunes Egyptiens, à l’instar de ceux qui ont manifesté vendredi à la place Tahrir, réclament purement et simplement l’abrogation de la Constitution et la rédaction d’une nouvelle. «Il n’y a rien à dire à propos de ce référendum. Cette Constitution a perdu sa légitimité depuis la Révolution. Il faut une nouvelle Constitution », déclare Ibrahim Darwich, un expert constitutionnel dont les propos sont rapportés par Al-Ahram.

A la veille d’un vote qui marque une étape importante dans la transition démocratique, l’incertitude domine.

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