Le rap se lève pour la RD Congo


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Six membres du groupe

Le groupe de rap Lopango ya banka, qui existe depuis trois ans, rassemble des jeunes Congolais vivant en France et en Allemagne. Ils viennent de sortir leur premier morceau et de lancer leur site Internet, avec une particularité : ils ont choisi le lingala, leur langue maternelle, pour s’exprimer.

Le groupe s’appelle Lopango yaba nka en lingala, ce qui veut dire « la maison des anciens »… Ses huit membres sont pourtant tous jeunes, certains sont même encore étudiants ! Mais, Congolais de naissance et de cœur, habitant en Allemagne et en France, ils font déjà part d’une belle maturité. Dans la chanson « Telema pona kongo » (« Levons-nous pour le Congo »), « on parle de l’histoire et de la situation actuelle de notre pays, de ses martyrs », explique Mangenge, né il y a 29 ans à Kinshasa, l’un des créateurs du groupe. « On a écrit cette chanson pour motiver les jeunes Congolais qui sont au pays et en dehors à prêter l’oreille sur ce qui ce passe au Congo ». Dans le refrain, ils appellent à la justice et à la paix, à l’intelligence et au courage, à l’authenticité et à la liberté, à l’amour et à l’unité. « Arrêtons l’avidité/pour le Congo/Arrêtons la jalousie/pour le Congo/Le palmier on l’abat, ça repousse/On l’abat, ça repousse/Peuple congolais/levons- nous ».

Le titre est diffusé depuis la semaine dernière, sur le site Internet du groupe (le site est uniquement en version lingala pour le moment) et passe déjà sur les radios locales, notamment Radio Okapi. « On ne s’attendait pas à autant d’enthousiasme, on a de supers retours des Congolais et plusieurs maisons de disque allemandes sont déjà intéressées ! » se réjouit Mangenge.

De New-York à Kinshasa

La recette du succès ? Des paroles fortes et une très bonne musique, produite par Buza, né en RDC et qui vit en Allemagne. « En sortant ce morceau, on a réalisé notre rêve. Ça fait 10 ans qu’on y pense ! A la base, on produit des beat de hip hop américain, on est branchés côte est et rap de New-York mais on aime trop la musique congolaise et la musique africaine en général ! C’est pour cela qu’on a voulu représenter la musique de notre pays en samplant un de nos grands producteurs, Lutumba Simaro », explique Mangenge, qui pose sa voix sur le titre avec Buza (ce sont eux qui sont à l’origine du groupe, il y a trois ans). Le succès de la chanson tient aussi à la langue utilisée, le lingala. « On aime profondément notre langue. En lingala, les Congolais comprennent notre message de A à Z, ça les touche. Le lingala est beaucoup parlé en Afrique et comme la musique congolaise est écoutée partout, les gens sont habitués. Ils ne se posent pas de question, ils se laissent emporter ! »

D’autres morceaux devraient suivre rapidement, en compagnie des autres membres du groupe : Nkosi (né à Chicago, qui rape en lingala et en allemand), Mudjaka, Kaba et Nkoy (nés à Kinshasa et vivant en Allemagne), Mantima (né à Kin et habitant en France) et Issongo (né et vivant en France). « Avec notre musique, on voulait apporter quelque chose de nouveau au rap africain », précise Magenge qui avoue un grand respect pour des rappeurs sénégalais comme Awadi et Pee Froiss. « La scène rap bouge depuis quelques années au Congo et on vient renforcer ça ! En Allemagne, on peut travailler comme on veut, on a un studio, du matériel. Au pays, on a comme partenaire une association, Ndule de Kin, qui fait bien bouger les choses. Elle a créé le portail du hip hop en RDC… » Quant à Magenge, qui travaille dans le management et l’organisation de concerts (il a fait venir DJ Cut Killer et Disiz La Peste en Allemagne), cela fait 9 ans qu’il n’est retourné au pays natal. « On ne voulait pas rentrer la mains vides », dit-il. Avec « Telema pona kongo », il peut rentrer la tête haute.

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