La hausse des prix des fruits et légumes, inhérente au mois du Ramadan, serait exclusivement due à la loi de l’offre et de la demande. C’est en tout cas le sentiment qui prédomine sur le marché de gros des Eucalyptus, dans la banlieue est d’Alger. Des marchands expliquent les causes de cette flambée.
Le marché des Eucalyptus, aux premières heures du matin. Des camions affluent de partout, chargés de marchandises au point de pouvoir à peine rouler. Ce marché au gros de la banlieue est d’Alger offre une organisation propice au déroulement des négociations. Les véhicules sont stationnés juste en face des «carreaux», les locaux où sont disposées les fruits et légumes. Ici, on charge et décharge très vite tout en négociant le prix et la quantité. Les détaillants, affluent, regardent à peine, demandent le prix, s’exclament et continuent leur tournée.
Trop de demande
Deux fois par semaine, des agriculteurs de l’Est du pays acheminent au marché des Eucalyptus des cargaisons qu’ils confient aussitôt aux mandataires. Ces derniers, moyennant commissions, sont tenus de les écouler à bon prix pour le compte des agriculteurs. Les marchandises sont abondantes, mais les prix ont flambé à la veille du Ramadan. Les cours de la tomate et de la pomme de terre, pour ne citer que ces deux produits, ont déjà grimpé de 5 dinars (DA) en l’espace de quelques séances de négociations. «Il y a quelques jours, on payait 30 DA le kilogramme de pommes de terre, et on la revendait à 35 dinars, confie un détaillant. Aujourd’hui, il est à 35 DA ici, et nous le revendons au consommateur à 40 dinars. C’est le marché. »
Même discours chez les mandataires. «La demande augmente, les prix augmentent aussi», nous dit le Président de l’association El Amal, qui regroupe les grossistes du marché des Eucalyptus. «Toutefois, s’insurge-t-il, cela n’est pas spécifique au mois de Ramadan. Il y va uniquement des lois du marché. Je suis moi-même mandataire et je n’oblige personne à acheter ma marchandise. Le marché est libre et les prix fluctuent en fonction de l’offre et de la demande qui varient, elles aussi, suivant les saisons et les récoltes.» Et d’ajouter : «Il est vrai que pour le mois sacré certains prix augmentent, mais il y a aussi des produits dont les prix restent stables. D’ailleurs, si le Ramadan était en avril ou en juin, la pomme de terre coûterait à peine 14 ou 15 DA car ce serait la saison.»
Pas de spéculation
Ainsi, selon le Président de l’association El Amal, la hausse des prix des fruits et légumes n’est due qu’à la soudaine hausse de la demande. « Le marché est régulé de la sorte, explique-t-il. Les producteurs et les mandataires cherchent naturellement à vendre au meilleur prix, mais quand la demande décroît, ils sont bien obligés de vendre moins cher. Il n’y a ni spéculation, ni stockage de marchandises, ni rien d’autre d’anormal. Le marché a toujours fonctionné ainsi, même du temps où il était géré par les Français…», tient-il à préciser.
Soutenu dans ses propos aussi bien par des détaillants que par des producteurs, le Président de l’association des mandataires atteste que «les contrôleurs eux-mêmes ne trouvent rien à dire. Ils passent, régulièrement pour vérifier les factures sur les produits d’importation imposés, mais ils n’interfèrent pas dans les prix du marché.»
Présentant en somme la flambée des prix comme un phénomène naturel suscité par une très forte demande, les grossistes en fruits et légumes réfutent toute hypothèse faisant état de pratiques spéculatives. Si du côté du ministère du Commerce, il est difficile d’avoir des réponses aux interrogations des consommateurs, au niveau de l’Agriculture, on nous affirme clairement que «l’offre en fruits et légumes est excédentaire. Si les prix augmentent, c’est uniquement à cause de la spéculation».
Par notre partenaire El Watan