Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone, qui siège à La Haye, a ajourné au 7 janvier le procès de Charles Taylor. Les avocats de l’ancien président du Libéria, accusé de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, obtiennent ainsi un sursis de quatre mois pour préparer la défense de leur client.
Le procès de Charles Taylor reprendra à La Haye (Pays-Bas) le 7 janvier 2008. Les magistrats du Tribunal spécial pour la Sierra Leone ont estimé qu’une période de quatre mois était « un délai raisonnable pour se saisir d’un dossier compliqué ». Un délai que les nouveaux avocats de l’ex-président libérien avaient demandé début août afin d’avoir plus de temps pour consulter les pièces transmises par le procureur Brenda Hollis et préparer leur défense.
76 témoins contre Charles Taylor
Les avocats de Charles Taylor ont déclaré détenir plusieurs boîtes rassemblant les archives privées de l’ancien chef d’Etat libérien. Selon Me Courtenay Griffiths, on y trouve entre autres « une lettre personnelle de l’ancien président Jimmy Carter à l’accusé », du temps où son client « était impliqué dans de nombreuses négociations de paix en Sierra Leone ». Une preuve qui pourrait ne pas peser bien lourd face aux 76 témoins à charge et 40 000 pages de documents présentés par l’accusation.
« Le procureur veut faire de l’émotionnel »
Les défenseurs de Taylor s’opposent d’ailleurs à ce que les 76 témoins comparaissent, comme le souhaite le procureur Hollis. Ils affirment qu’elle souhaite faire pleurer dans les chaumières « en faisant venir d’Afrique de l’Ouest des victimes du conflit ». Mais « personne ne nie les actes horribles qui ont été commis pendant la guerre civile », ajoutent-ils. Pour l’heure, la défense a déposé une requête pour obtenir la levée du gel des avoirs et des interdictions de voyager émises par le Conseil de sécurité des Nations Unies à l’encontre d’anciens comparses de Charles Taylor. Pour Me Griffiths, ces sanctions « [intimident] les témoins » qui « ont peur d’être visés s’ils sont associés » à l’ancien président.
11 chefs d’inculpation
Crimes de guerre, crimes contre l’humanité, viols, pillages, enrôlement d’enfants soldats, esclavage sexuel… Voilà un aperçu des 11 chefs d’inculpation pour lesquels Charles Taylor est jugé. Président du Libéria de 1997 à 2003, il est notamment accusé d’avoir soutenu les rebelles du Front révolutionnaire uni de Sierra Leone. Contre des diamants, il aurait encouragé les mutilateurs à massacrer des centaines de milliers de Sierra Léonais. Renversé en 2003, Charles Taylor a vécu pendant trois ans en exil au Nigeria qui, sous la pression internationale, a fini par le livrer à la justice. L’ex-chef de guerre est incarcéré depuis 2006 au Centre de détention de Scheveningen, dans la banlieue de La Haye. Son procès devant une cour de justice internationale fait figure de première pour un chef d’Etat africain.