Le Comité norvégien du prix Nobel de la paix a attribué cette distinction à Barack Obama, le président américain. Il a convaincu ses membres pour son action en « faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationales entre les peuples » et « d’un monde sans armes nucléaires ». La décision du jury, rendue publique ce vendredi, ne fait pourtant pas l’unanimité, contrairement à la personne d’Obama.
Barack Obama est le nouveau prix Nobel de la paix. Le Comité Nobel norvégien a décerné ce vendredi la prestigieuse récompense au président américain « pour ses efforts extraordinaires en faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationales entre les peuples ». « Le comité a attaché beaucoup d’importance à la vision et aux efforts d’Obama en vue d’un monde sans armes nucléaires », a expliqué son président, Thorbjoern Jagland.
«Oeuvrer en faveur de la paix et de la sécurité d’un monde sans armes nucléaires »
Un projet dont Barack Obama, indiquait encore une fois les grandes lignes, en avril 2009 à Prague, lors d’un sommet européen. « Les Etats-Unis, en tant que seule puissance nucléaire à avoir jamais utilisé une arme nucléaire, ont la responsabilité morale d’agir », soulignait-il. L’occasion pour lui de réitérer « l’engagement (de son pays) et son désir d’œuvrer en faveur de la paix et de la sécurité d’un monde sans armes nucléaires ». Tout en reconnaissant que « cet objectif ne sera pas atteint rapidement, peut-être pas durant (son) existence ». Le président américain avait promis de militer pour faire ratifier par le Sénat le traité d’interdiction complète des essais nucléaires (CTBT). Sa mise en application n’attend que la signature des Etats-Unis, de la Chine, de l’Inde, du Pakistan, d’Israël, de l’Iran, de l’Egypte, de l’Indonésie et de la Corée du Nord.
« En tant que président, Obama a créé un nouveau climat dans la politique internationale », note également le jury du Nobel, en redonnant ses lettres de noblesse à une diplomatie multilatérale. Le 23 septembre dernier, pour sa grande première devant l’Assemblée des Nations unies, Barack Obama renouvelait l’engagement pris lors de ses différents déplacements à l’étranger. « Parce qu’est venu le moment pour le monde de prendre une nouvelle direction, a-t-il estimé. Nous devons ouvrir une nouvelle ère de coopération multilatérale, basée sur un intérêt et un respect mutuels ».
Les Etats-Unis « prêts à prendre la tête » du combat écologique
Le Comité norvégien salue aussi la volonté des Etats-Unis de jouer un rôle majeur dans la protection de l’environnement. Un engagement que Barack Obama avait pris lors de sa campagne et qu’il a rappelé à Prague. « Ensemble, nous devons faire face au changement climatique, en mettant fin à la dépendance mondiale face aux énergies fossiles, en exploitant les sources d’énergie comme le vent et le soleil et en appelant toutes les nations à assurer leur part », a-t-il déclaré le mois dernier. «Je vous promets que les Etats-Unis sont maintenant prêts à prendre la tête de cet effort mondial », a assuré le président américain. Son pays n’a pas signé le Protocole de Kyoto qui arrive à expiration en 2012 et qui sera renégocié en décembre prochain à Copenhague.
Le Nobel de la Paix 2009 est un hommage politique, mais aussi une reconnaissance des qualités humaines de Barack Obama qui a su retenir « l’attention du monde » et donner de « l’espoir » à ses concitoyens. L’ancien sénateur de l’Illinois est devenu le 44e président des Etats-Unis et le premier président afro-américain, en novembre 2008, dans une Amérique qui reste profondément raciste. Barack Obama a fait l’objet de pas moins de 5 tentatives d’assassinat organisées notamment pas des militants d’Extrême-droite. Son élection nourrit d’ailleurs l’expansion des mouvements racistes. Le Nobel de la paix 2009 succède à de grandes figures de la lutte contre la ségrégation raciale comme l’Américain Martin Luther King et plus récemment le Sud-Africain Nelson Mandela, tous deux, des modèles pour Barack Obama.
Barack Obama considère son Nobel de la paix comme « un appel à l’action » Barack Obama a exprimé ce vendredi sa surprise et son humilité sur le perron de la Maison Blanche. « Je ne sais pas si je mérite de me retrouver aux côtés d’hommes et de femmes prestigieux qui ont tant contribué à la paix dans le monde ». Tout en admettant que l’attribution du Nobel de la paix avait contribué à donner une nouvelle dynamique à des causes existantes. Barack Obama considère donc cette récompense comme un « appel à l’action » face aux multiples défis à relever pour préserver la paix dans le monde. |
Un symbole adulé par la planète
Sa popularité, bien qu’elle s’effrite aux Etats-Unis notamment à cause de sa réforme de la santé, ne se dément pas sur la planète. De la ville éponyme d’Obama, au Japon en passant par Paris où il fut chaleureusement accueilli lors des cérémonies commémorant le Débarquement, au village natal de son père au Kenya, Obama fait l’unanimité. Dans un article publié en juin 2009 dans Courrier International, il était fait mention d’un sondage conduit aux Etats-Unis et en Europe qui révélait qu’Obama était le dirigeant occidental le plus populaire, «avec près de 80 % d’opinions positives».
Barack Obama est le troisième président américain en exercice à recevoir le prix Nobel de la paix. Le quatrième, Jimmy Carter récompensé 2002, avait quitté la Maison Blanche depuis. Obama est aussi le troisième démocrate à être distingué, après Jimmy Carter et l’ancien vice-président Al Gore (2007). Ce sont 172 personnalités et 33 organisations qui étaient pressenties cette année pour recevoir cette distinction, un record depuis l’existence du prix. Barack Obama recevra son prix le 10 décembre prochain à Oslo. Un chèque de près d’un million d’euros (1,4 milliard) récompense le lauréat.
La décision du Comité norvégien du prix Nobel a créé la surprise et paraît pour beaucoup injustifiée du fait que les discours de Barack Obama n’aient pas encore conduit à des résultats concrets. « Cela fait 108 ans que le Comité norvégien du prix Nobel tente de renforcer le type de politique internationale dont le président américain Barack Obama est devenu le porte-parole dans le monde entier », a justifié Thorbjoern Jagland. Alfred Nobel n’avait-il pas écrit dans son testament que le prix Nobel de la paix devait récompenser « la personnalité ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix ». Barack Hussein Obama, né d’un père kényan et d’une mère blanche américaine, éduqué par un beau-père indonésien, et époux d’une descendante d’esclave, n’est-il pas l’incarnation de toutes ces aspirations ? Martin Luther King a rêvé à l’avènement d’une Amérique multiraciale. Barack Obama en est le symbole.
Lire aussi :