Le chef de l’Etat burundais Pierre Buyoya a annoncé le 29 mars dernier dans un discours radio télévisé son départ du pouvoir pour le 1er mai prochain. En application des accords d’Arusha, signés en août 2000, il cédera ainsi la place à son vice président. Aloys M’Bonayo chef de cabinet du vice président nous livre ses impressions sur cet événement historique.
Après 18 mois de transition, le président Pierre Buyoya, conformément aux accords d’Arusha, cède sa place à son vice président, Domitien N’dayizeye. Selon Aloys M’Bonayo, chef de cabinet du vice-président, le processus démocratique au Burundi passe par l’application effective des accords d’Arusha. La passation de pouvoir entre Buyoya et N’dayizeye répond ainsi à la nécessité d’une alternance politique et non ethnique.
Afrik : Quelle interprétation faites-vous de la décision du président Buyoya ?
Aloys M’Bonayo : Le peuple burundais dans son ensemble est heureux de la décision du président Buyoya qui n’est qu’une application des accords d’Arusha du 28 août 2000. Les négociations stipulaient bien une transition de 18 mois à l’issue de laquelle, il y’aurait une passation de pouvoir entre le président et le vice-président. Par ailleurs, on note une adhésion de la majorité des forces politiques à cette alternance politique qui ouvre une nouvelle ère de stabilité.
Afrik : Comment comptez-vous asseoir une paix durable avec les poches de résistances actuelles ?
Aloys M’Bonayo: La première priorité du vice-président N’dayizeye est de mettre fin aux combats. Avec l’appui des forces africaines de paix, nous comptons accélérer l’application du cessez- le- feu. Il faut tout de même noter que la stricte application des accords d’Arusha résultant d’un consensus ne peut que rencontrer l’assentiment du plus grand nombre ! Les décrispations d’hier vont progressivement s’estomper avec cette décision qui honore le président Buyoya.
Afrik : Le président Buyoya (Tutsi) cède la place à son vice président (Hutu), doit-on y voir une alternance ethnique ?
Aloys M’Bonayo: Je tiens d’entrée de jeu à lever l’équivoque. Il s’agit bien d’une alternance politique et non ethnique comme certaines mauvaises langues veulent le faire croire ! Cette alternance encore une fois s’inscrit dans le cadre des accords d’Arusha. Au delà de la période de transition qui durera elle aussi 18 mois, le pays se dotera d’une nouvelle constitution définissant les contours d’un prochain code électoral qui permettra à toutes les forces politiques de se présenter aux prochaines élections.
Afrik : Le président Buyoya pourra-t-il se représenter à ces élections ?
Aloys M’Bonayo : Ni Buyoya ni N’dayizeye ne pourront se présenter aux prochaines élections. Notre pays, au sortir de cette transition s’ouvrira vers des perspectives démocratiques nouvelles. Nous restons optimistes quant à l’issu favorable de ce tournant historique. L’acte posé par le président est salué par la majorité des Burundais.