La cherté des légumes, devenus presque inaccessibles aux bourses de la classe moyenne, fait frémir plus d’un parmi les consommateurs. Ces derniers reviennent parfois bredouilles du marché. Une triste réalité qui gâche le menu à l’heure du f’tour.
Notre correspondant en Algérie
Il faut être vraiment aisé pour pouvoir faire convenablement ses emplettes et remplir comme il se doit son panier pour avoir droit à une table bien garnie à l’heure de la rupture du jeûne – le F’tour, en langue arabe .
C’est le constat fait par le commun des Algériens durant le premier jour du Ramadan qui a vu les marchés de fruits et légumes à travers le territoire national être pris d’assaut par les consommateurs, dès les premières heures de la journée. Avec le prix de la tomate à 80 DA, la salade à 150 DA, la carotte à 70 DA, les haricot verts à 100 DA, les acheteurs finissent souvent par courber l’échine et revenir bredouilles. Ces prix exorbitants sont de nature à décourager les « jeûneurs » qui se plaignent du manque de régulation dans les prix.
Les habitudes culinaires des familles menacées
Ammi Ahmed, septuagénaire, doute sérieusement de la confession des commerçants algériens au marché de Tizi-Ouzou. Il laisse libre cours à sa colère et à son amertume. « Je ne peux nullement penser que ces commerçants sont de confession musulmane », nous dit-il, déçu, avant d’ajouter qu’« ils sont, au contraire, des sans foi ni loi animés par le désir de s’enrichir sur le dos des consommateurs au moment où la consommation s’accroit ». La chorba et le bourrek sont les mets préférés à l’heure de la rupture du jeûne chez la quasi-totalité des familles algériennes. Ils sont ancrés dans les mœurs culinaires.
Les vendeurs de diouls (feuilles de pâte), très prisés dans la gastronomie algérienne pendant le mois sacré, sont présents dans toutes les rues. Avec l’augmentation du prix de la semoule, les diouls ont aussi connu une augmentation cette année où ils sont cédés à 60 DA le paquet qui contient une douzaine de feuilles minuscules. Les viandes blanches et rouges ne sont pas non plus en reste pendant le début de ce mois où les « sans foi ni loi » s’érigent en maîtres de l’heure pour dicter leur loi. La saignée des bourses maigres s’accentuera encore davantage lors de la rentrée des classes fixée au milieu de ce mois.
Ce sera ensuite l’Aïd el fitr qui assommera les chefs de familles tenus, en cette occasion, de mettre la main à la poche pour assurer un semblant de joie à leurs progénitures. Ce n’est en fin de compte qu’une joie de façade, car la paupérisation des ménages se généralise.