Dans une société sénégalaise qui a besoin de ses mendiants pour acheter le destin grâce à l’aumône, les indigents se rebellent contre une campagne publique de nettoyage de la ville. » La Grève des bàttu » révélera toute l’importance de ceux dont certains croyaient qu’ils n’en avaient aucune. Un livre humain d’Aminata Sow Fall.
» Ils ont besoin de donner la charité parce qu’ils ont besoin de nos prières (…) ils aiment les entendre chaque matin pour chasser leurs cauchemars de la veille et pour entretenir l’espoir d’un lendemain meilleur. Vous croyez que les gens donnent par gentillesse ? Non, c’est par instinct de conservation « . Le mendiant aveugle, Nguirane Sarr, harangue ses pairs après une violente vague de répression policière visant à éradiquer la mendicité de la ville. La décision est prise : il faut se mettre en grève. Les bàttu, petites calebasses pour récolter l’aumône, ne se tendront plus dans les rues au non de la dignité humaine.
Mour Ndiaye, directeur du service de la salubrité publique, pour répondre aux nouvelles directives ministérielles, confie à son adjoint Kéba-Dado la mission d’assainir la ville de ses indigents. Plus qu’en simple fonctionnaire zélé, Kéba-Dado orchestre une impitoyable croisade contre les mendiants pour qui il nourrit un rejet viscéral. Tant et si bien que ces derniers, las de se faire pourchasser et battre, décident de déserter le centre ville, pour se réunir dans une demeure excentrée.
Inversion des rapports de force
Tout le monde se presse dès lors dans la maison des mendiants. Ils s’y pressent car les mendiants sont complémentaires au travail des marabouts, omniprésents dans le fonctionnement des sociétés africaines. C’est à eux, ceux qui n’ont rien, qu’il faut donner les offrandes pour espérer voir se réaliser ses voeux. Ils sont désormais traités comme des coqs en pâte et se payent même le luxe de faire les difficiles et d’exiger de la qualité.
Fort de son succès, Mour Ndiaye est pressenti pour être nommé rien de moins que vice-président de la République. Pour ce faire, le meilleur marabout du pays lui enjoint de procéder à un acte de charité d’envergure à travers toute la ville. Monsieur Propre se trouve bien embêté, ceux qu’il a fait chasser sont désormais la pierre de voûte de sa fantastique ascension professionnelle. Tel est pris qui croyait prendre.
» La Grève des bàttu « est un livre fort, plein d’humour et de justesse. Aminata Sow Fall témoigne d’une belle humanité avec un roman qui place le respect de l’homme comme valeur fondamentale. Un livre qui, sans être moraliste pour autant, nous incite à un peu plus d’humilité pour les faibles.
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Aminata Sow Fall » La Grève des bàttu « dans la collection Motifs aux éditions du Serpent à Plumes]. Le livre fait partie d’un coffret » Femmes d’Afrique « , comprenant également » Une si longue lettre » de Mariama Bâ et » Le Mal de peau » de Monique Ilboudo.
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