Le pont de la réunification s’effondre au Cameroun


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La destruction du « pont de la réunification », sur le fleuve Mungo, principale voie d’accès routière entre le Cameroun anglophone et le Cameroun francophone, a complètement déséquilibré le commerce et le réseau routier dans la province du Sud-ouest. Le gouvernement annonce avoir besoin de 3 milliards de Cfa pour la construction d’un nouvel édifice qui ne sera pas sur pieds avant 18 mois.

Le pont de l’inflation. Ce pourrait être le surnom donné aux ruines encore visibles du « pont de la réunification », sur le fleuve Mungo, détruit dans la nuit du 1er au 2 juillet dernier, lorsqu’un camion-citerne accidenté y a déversé sa cargaison de carburant en feu. L’édifice métallique, haut d’un peu moins de 10 mètres et long de 58,5 mètres, avait été construit en 1969, pour sceller la jonction, par route, entre le Cameroun francophone et le Cameroun anglophone. Il était depuis devenu indispensable à l’équilibre économique de la région Sud-ouest. Notamment au trafic entre la capitale économique camerounaise, Douala et l’ancienne capitale anglophone, Buéa. L’importance stratégique et symbolique de l’édifice était si célèbre que dans les premières heures de l’accident, les soupçons se sont portés vers les sécessionnistes anglophones. Mais aucun élément de l’enquête n’a pu corroborer cette hypothèse à cette heure, selon le quotidien Mutations.

« Près de 3 000 automobiles, selon les derniers chiffres, empruntaient quotidiennement le pont détruit », explique Pascal Dang, journaliste à Mutations. Et aucun autre édifice n’avait été construit pour dévier ce flot d’automobiles. Du coup, la valse des prix a commencé dès sa disparition.

Doublement des frais de transport

Des voies de contournement du fleuve existent, mais elles posent bien des tracas aux transporteurs routiers et autres automobilistes. Ils peuvent aujourd’hui longer le fleuve Mungo sur une quarantaine de kilomètres de chaussée non bitumée, avant de reprendre la route. Il leur en coûtera un surplus d’environ 200 km, entre Douala et Buéa. Ainsi qu’un supplément financier encaissé par les transporteurs. Quant aux entrepreneurs décidés à faire traverser leur marchandise par le fleuve, ils devront dépenser deux fois plus qu’avant l’accident pour emprunter les barges mises à leur disposition. Et prendre leur mal en patience.

« Les automobilistes peuvent attendre une journée pour embarquer sur une petite barge qui ne prend que deux à trois voitures par voyages », estime ainsi Pascal Dang. Lors de la réunion ministérielle du 7 juillet dernier, le gouvernement a demandé au ministre des Travaux publics « d’arrêter, dès à présent, avec le directeur général de la CDC (Cameroon developement corporation, ndlr), les modalités de gestion rationnelle du bac au niveau de Penda-Mboko, dans les conditions satisfaisantes de sécurité technique et de responsabilité civile ». Mais les conséquences de cette décision ne se sont pas encore fait sentir. A tous ces désagréments, s’ajoute l’extorsion de biens ou de fonds auxquels les fonctionnaires de police, qui ont pris leurs bases sur les rives du fleuve, peuvent se livrer, selon La nouvelle expression. Au total, un commerçant de ciment, cité par le quotidien camerounais, estime que ses charges habituelles ont augmenté de 50%.

3 milliards de Cfa pour le nouveau pont

« Les habitants sont très énervés et n’hésitent pas à le dire, assure Pascal Dang. D’autant plus que la population du Sud-ouest, anglophone, s’estime lésée depuis très longtemps. Cela fait également un moment qu’elle réclamait la construction de nouvelles voies à côté du ‘pont de la réunification’.» Les habitants comprennent d’autant moins cette situation de dépendance extrême qu’elle s’était déjà présentée dans les premiers jours de la rénovation du pont de Wuri, à Douala.

Le nouveau pont ne sera pas construit avant 18 mois et il en coûtera 3 milliards de Cfa, selon le ministre des Travaux publics, Dieudonné Ambassa Zang. Les bailleurs de fonds sont invités à apporter leur aide. En attendant, l’entreprise publique Chantier naval et industriel du Cameroun (CNIC) propose d’installer une barge fixe sur le fleuve pour assurer la continuité de la circulation sur l’ancienne route. Cela ne prendrait qu’un mois, mais les autorités n’en sont qu’au niveau des discussions.

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