Il doit savourer sa dernière victoire. Chez lui, mardi dernier à Libreville, Omar Bango a torpillé la diplomatie libyenne. Alors que l’émissaire proposait, la veille à Khartoum, l’instauration d’une force d’interposition en République centrafricaine, le président gabonais a su convaincre ses interlocuteurs centrafricains et tchadiens de la nécessité d’un dialogue politique. Malgré lui, Ange-Félix Patassé a dû s’y résigner.
Il aura signé n’importe quel accord pourvu que son pays sorte de la spirale de violence et de coups d’Etat. C’est le Guide libyen qui voit son leadership de la région faiblir. Pour l’instant, Tripoli se refuse à tout commentaire. Ses troupes demeurent toujours stationnées à Bangui. Malgré les protestations de l’opposition centrafricaine qui y voient le désir de Khadafi de » maintenir artificiellement Patassé au pouvoir « .
Le sommet de Khartoum a vécu, place à celui de Libreville. La grande de satisfaction d’Omar Bongo est pourtant gâchée par son opposition. Qui, même si elle est divisée, lui donne des migraines. Elle l’accuse de vouloir truquer les législatives de dimanche. Elle n’arrête pas de dénombrer des électeurs fantômes.
Les législatives renvoient à Omar Bongo une image contrastée du Gabon. » L’émirat de l’Afrique » est riche mais ses habitants sont pauvres. La répartition des richesses nationales laisse des pans entiers de la société dans le besoin. L’El Dorado africain tourne au cauchemar pour la population. Le remboursement de la dette extérieure n’explique pas cette paupérisation cadencée. Le budget du Gabon est, de loin, le plus important de la région. En allant vers les électeurs, le parti du président, Parti démocrate gabonais, devra expliquer à ses concitoyens pourquoi est-ce qu’ils sont toujours pauvres alors que l’Etat est riche. Une tâche qui ne s’annonce pas facile.