Bientôt, le pétrole tchadien fera l’objet de troc contre le bois centrafricain, selon le scénario monté entre Djotodia ét Deby, en vue du relèvement de la situation socio-économique de la RCA, après avoir été sauvagement pillée par les douloureux événements qui viennent de secouer le pays.
L’annonce de ce gigantesque projet économique a été faite en majuscule par le ministre porte-parole du président de la transition, M. Prosper Ndouba lors d’une conférence de presse. Ce dernier est le patron du journal en ligne Centrafrique-presse.com qui a contribué significativement à la chute du régime de François Bozizé et qui vient d’être nommé par Djotodia à la présidence comme conseiller en communication. Il a effectué la toute première tournée sous-régionale de président de la transition. Et, c’est en sa qualité de porte-parole qu’il a conféré avec les journalistes, occasion pendant laquelle il a annoncé le projet économique de Deby et Djotodia.
Evidemment, la République centrafricaine a besoin de beaucoup d’argent pour se relever suite aux pillages qui ont tout détruit, tant pour ce qui est du domaine public que chez des particuliers. Selon une évaluation de la Ceeac sur la situation économique poste-crise en RCA, 52 milliards de Francs Cfa devront être mobilisés afin de reconstruire le pays, alors que le fonds fiduciaire créé le 3 avril 2013, à Brazzaville au Congo ne s’est enrichit finalement que de 5 milliards de Francs Cfa accordés par le président Denis Sassou-Nguesso.
Entre temps, le périple international de plaidoyer effectué par le premier ministre de la transition, Me Nicolas Tiangaye le mois passé n’a rien donné si ce ne sont des engagements conditionnés à la stabilité intérieure du pays. C’est dire que les problèmes de la RCA sont restés tels, alors qu’au fur et à mesure, la situation se dégrade de plus en plus. Pendant que le temps court, les fonctionnaires et agents de l’Etat qui ne sont pas encore payés, bloquent la relance des activités administratives. Particulièrement, le déroulement du calendrier académique encore conditionné au paiement des salaires des enseignants conduit inévitablement le pays vers une année blanche. Ce n’est que le bout du l’iceberg, puisque le blocage n’est pas seulement au niveau académique, mais également dans tous les secteurs. Même la situation sécuritaire pourrait être facilement maitrisable, si seulement les éléments de la séléka avaient reçu leur argent, ne fut-ce qu’un minimum. Bref, le pays est bloqué à cause de l’argent.
La tournée du président centrafricain de la transition dans la sous-région, au-delà de l’aspect de salutation avec ses pairs, s’inscrit dans une logique de plaidoyer pour la cause de la RCA en vue d’avoir les moyens de relance du pays. De son côté, le président n’entend pas aller en plaidoyer les mains vides comme en a été le cas pour son premier ministre. C’est ainsi qu’avec le président tchadien Idriss Deby Itno, Djotodia a décroché le projet de troc entre la RCA et le Tchad, dans une coopération gagnant-gagnant. Il s’agit d’un gigantesque projet économique axé sur l’échange du pétrole tchadien au bois centrafricain. Evidemment, le Tchad a déjà exploité son pétrole et dispose même de sa propre raffinerie ; alors que la RCA tout autant pays pétrolier, car les indices sont confirmé par les études géologiques, n’a pas encore exploité cette ressource. « L’exploitation du pétrole centrafricain, ce n’est pas pour demain » a indiqué le porte-parole du président de transition, M. Prosper Ndouba lors de la restitution de la tournée sous-régionale de Djotodia et d’ajouter que lorsque Bozizé et son régime le Knk arguaient que le pétrole devait jaillir jusqu’à la fin 2013, ce n’était que de la « pure démagogie ».
Cependant, l’inconnue c’est l’intérêt que Deby cherche derrière ce troc, est-ce simplement parce qu’il cherche des voies d’exportation de son pétrole ? Toutefois jusque-là, ce n’est qu’un projet, et par conséquent, ni le volume des échanges, ni la date de l’exécution du projet ne sont pas encore connus. En attendant, la crise centrafricaine, notamment la dégradation de l’économie et la situation financière sont telles que l’on n’a pas besoin de bonne eau pour éteindre le feu.
Signalons qu’un autre projet de troc serait envisagé avec le président Obieng-Nguema à propos du gaz guinéen.