On peut tout à fait affilier la musique de Baco à celle du grand Fela, mais pas seulement. Originaire de Mayotte, l’artiste oscille entre un afro-beat efficace et une musique traditionnelle colorée.
Si pour beaucoup le grand Fela reste intouchable, la musique de Baco, à bien des égards, s’en rapproche cependant. Pour s’en convaincre, il suffit de tendre une oreille, même distraite, sur le début de son dernier album, « Questions ». Et on y reconnaîtra aisément le chaud feeling d’un afro-beat efficace. Mais l’artiste de Mayotte ne s’arrête pas là. Il garde résolument un pied dans la tradition, avec des compositions où se mêlent instruments et rythmes empruntés à la culture de son archipel natal.
Notre auteur-compositeur-interprète se fait ainsi fort de conjuguer les sons de différents univers pour façonner une musique plurielle et originale. Aussi, cuivres, guitare acoustique et clavier côtoient sabar (un proche cousin du djembé) et gaboussy (guitare traditionnelle à quatre cordes) pour un résultat des plus honorables.
Du choeur à l’ouvrage
À côté de toute l’alchimie instrumentale, la force des productions de Baco, dans cet album parfois inégal, réside dans la chaleur de ses choeurs. Omniprésente, la section de cinq personnes (sur les seize membres du groupe) appuie la voix de Baco et colore les partitions de variations à la fois justes et inspirées.
Nous avons parlé musique et bien parlons aussi paroles. Car l’artiste est un chanteur à texte. Il aborde, tour à tour, l’esclave, l’entente entre les peuples et les méfaits de l’argent. Ce n’est peut-être pas l’essentiel dans une oeuvre avant tout rythmique, mais cela ne gâche rien à l’affaire, au contraire.
« Questions », un album à découvrir avec plaisir et curiosité. La réponse est en lui, la réponse est en vous.
Pour commander le disque Questions, chez Cobalt/Africolor (2000)