Alassane Ouattara sillonne l’Ouest de la Côte d’Ivoire depuis samedi. Le chef d’Etat qui tente de rassembler le pays déchiré par les violences post-électorales achèvera son périple ce lundi à Duékoué. Mais il doit faire face à l’insécurité qui règne toujours dans le pays.
Réunir la Côte d’Ivoire. L’objectif est loin d’être une mince affaire mais Alassane Ouattara veut relever le défi. Le chef de l’Etat ivoirien a entamé samedi une tournée dans l’Ouest du pays pour aller à la rencontre des populations meurtries par la crise post-électorale de novembre 2010. La crise avait éclaté suite au refus de Laurent Gbagbo de lui céder le pouvoir. Alassane Ouattara a déclaré que « la Côte d’Ivoire est une et indivisible ». Après la ville de Man, il s’est rendu dimanche dans les localités de Toulepleu et Blolequin. Le dirigeant achèvera son périple ce lundi à Duékoué qui a connu les pires tueries durant les violences post-électorales. Plusieurs centaines de personnes y ont été tuées. Une situation qui a poussé des milliers d’Ivoiriens à fuir pour se réfugier au Liberia. Bien qu’aujourd’hui plus de la moitié soit revenue, Alassane Ouattara a de nouveau insisté pour que ceux qui sont encore à l’extérieur reviennent pour reconstruire la Côte d’Ivoire, un appel particulièrement destiné aux cadres du pays. Il a également tenté de rassurer en appelant ses compatriotes à ne pas s’en prendre à ceux qui reviennent.
Le dirigeant ivoirien souhaite développer l’Ouest du pays qui a été délaissé depuis de nombreuses années alors que la région regorge de potentialités. Principaux fournisseurs de café, les districts de montagne manquent pourtant de l’essentiel. Pour remédier à cela, plusieurs chantiers ont été entrepris tels que la rénovation d’édifices publics, la réparation de l’éclairage public, l’assainissement de l’eau ou encore la reconstruction des routes secondaires. Le président ivoirien à d’ailleurs promis qu’à la fin de l’année il n’y aura plus de problèmes d’eau potable dans les principales villes de la région. Selon lui, d’autres améliorations seront apportées dans le domaine notamment de la santé, de l’éducation, et de l’énergie.
L’insécurité règne toujours dans le pays
Alassane Ouattara doit aussi faire face à l’insécurité qui règne dans la région. Le secrétaire général adjoint de l’Onu chargé des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, s’est dit jeudi 19 avril préoccupé par la question. Des groupes armés disséminés dans la forêt sèment toujours la terreur. Ce qui risque de rendre la tâche encore plus ardue pour réconcilier la Côte d’Ivoire. Pour la responsable Afrique de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), « une partie de la population attend que le président reconnaisse la vérité. Et la vérité c’est qu’ il y a eu des crimes importants des deux côtés qui ont endeuillé les communautés. Ce sera le premier pas réel de cette réconciliation », rapporte RFI. Sans compter que l’Ouest est toujours en proie à de vives tensions inter-communautaires liées à la terre. « La pression sur nos terres peut déclencher une autre guerre », selon le chef de village de Niambly.
Le Nord de la côte d’Ivoire n’est pas non plus épargné par la violence. Selon un rapport de Human Rights Watch publié début mars, les exactions se poursuivent dans la région. Viols, vols, meurtres, les populations vivent un véritable calvaire. Selon l’organisation, au moins vingt-deux personnes ont été tuées à Bouaké depuis décembre 2011. Les victimes sont généralement attaquées alors qu’elles se déplacent en moto ou transport en commun. Le rapport dénonce ainsi l’augmentation de la criminalité qui perturbe fortement la vie quotidienne. Human Rights Watch a appelé les autorités à prendre des mesures pour désarmer les anciens combattants des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) désignés comme les auteurs de ces crimes. Il s’agit de tous les volontaires armés par les Forces républicaines pour chasser l’ancien président Laurent Gbagbo. Le régime en place les poursuivra-t-il en justice comme il l’avait promis ? Rien n’est moins sûr. Pourtant une des clés de la réconciliation nationale est que les deux parties soient jugées, aussi bien les camps de Laurent Gbagbo que d’Alassane Ouattara.
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