Simon Compaoré est le maire de Ouagadougou et le président du Partenariat pour le développement municipal (PDM), l’organisation à qui l’on doit le développement du mouvement municipal africain et l’instauration du sommet Africités. Sa quatrième édition a pris fin le week-end dernier au Kenya. Simon Compaoré, qui a pris part à la manifestation, revient sur les missions du PDM et l’intérêt de cette rencontre pour sa ville.
Simon Compaoré est également le président de l’Association des municipalités du Burkina Faso et membre du bureau exécutif du CGLUA (Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique). Le Partenariat pour le développement municipal (PDM) est composé de 18 associations de pouvoirs locaux représentant autant de pays africains membres. Il est né en 1991 d’un partenariat entre les responsables africains et les bailleurs de fonds internationaux dans le but de « soutenir les politiques de décentralisation et de renforcement des capacités des collectivités locales en Afrique ». L’organisation dispose de deux bureaux régionaux pour Afrique de l’Est et australe, basé à Hararé (Zimbabwe), et pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (PDM-Ouest) dont le siège est à Cotonou (Bénin).
Afrik.com : A compter de ce sommet Africités qui vient de s’achever à Nairobi, le PDM qui avait organisé ces rencontres jusqu’ici, passe le flambeau au CGLUA pour l’organisation de cette manifestation. La naisance du CGLUA modifie-t-il les missions du PDM ?
Simon Compaoré : Le PDM, à sa création, avait pour but de renforcer le processus de décentralisation en cours en Afrique, de faire en sorte que la démocratie et le développement local soient une réalité. Elle a ainsi travaillé à la mise en place d’associations de pouvoirs locaux. Il s’agissait aussi, pour que le mouvement municipal africain puisse gagner ses lettres de noblesse qu’il soit, non seulement, reconnu en Afrique et au-delà, mais aussi qu’il y ait une parole unique afin que l’action soit efficace. D’où l’idée de la création du CGLUA. Cela a été possible grâce à l’initiative lancée par le PDM dénommé Africités qui est une plate-forme de dialogue. Ce qui se passe actuellement, ce sont les fruits de l’action du PDM. Nous n’allons plus effectivement organiser Africités et tout notre temps sera ainsi utilisé à faire ce que nous faisons déjà. A savoir, entre autres, de la formation pour augmenter la capacité des services techniques municipaux des villes et les compétences des élus locaux. Car ces derniers, en dépit de leur bonne foi, n’ont pas toujours le savoir-faire. Nous allons également consolider les outils que nous mettons à leur disposition et à celle des communes.
Afrik.com : Votre assemblée générale qui s’est tenue en marge d’Africités a recommandé la mise en place de représentations du PDM un peu partout sur le continent africain. Au nord, notamment où vous n’êtes pas du tout présent.
Simon Compaoré : L’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale sont les deux régions où le PDM rayonne. Ailleurs, le PDM n’existe pas, ou même s’il est présent dans la partie Est, ce ne sont pas les mêmes réalités. C’est le Président Joaquim Chissano (ancien Président mozambicain, ndlr) qui avait souhaité lors d’Africités 3, à Yaoundé, que nous installions des représentations du PDM dans d’autres régions. Il avait compris que le PDM était un puissant outil pour faire progresser la cause de la décentralisation.
Afrik.com : C’est donc cela votre prochain défi : rendre le PDM actif partout en Afrique ?
Simon Compaoré : Je tiens à souligner que cela dépend de la volonté des uns et des autres. Mais déjà, le PDM qui est basé à Cotonou va travailler, dans un premier temps, à faire en sorte qu’il y ait une unité en Afrique centrale conformément aux décisions prises à l’assemblée générale. Actuellement, le bureau de Cotonou est en charge de ces deux régions.
Afrik.com : Vous êtes aussi le maire de Ouagadougou. Quelles sont concrètement les retombées d’Africités pour votre ville ?
Simon Compaoré : Lors des différents ateliers, Ouagadougou était sur la sellette à travers un certain nombre d’exposés où nous avons montré ce que nous faisons en matière de finance locale. Notamment, comment une ville peut arriver à augmenter ses capacités d’autofinancement et attirer la faveur des bailleurs de fonds pour la réhabilitation d’infrastructures marchandes, en l’occurrence le marché central de Ouagadougou. Nous avons également eu des idées sur la façon dont nous pouvions mobiliser plus de moyens financiers. Nous prévoyons, à ce titre, d’effectuer des déplacements dans des villes qui ont des expériences très intéressantes dans ce domaine. Nous avons aussi fait part de notre expérience en matière de coopération décentralisée. Ainsi, dans le cadre du programme d’amélioration des conditions de vie dans les quartiers périphériques, nous sommes arrivés à faire en sorte que nos partenaires – le Grand Lyon et le département de la Vienne – viennent s’associer à notre principal bailleur de fonds, l’Agence française de développement. Africités est véritablement une plate-forme d’échanges et nous avons beaucoup appris.