Pour Lahabib Adami, secrétaire général du parti El Nahda (Renaissance, islamiste modéré), « le traitement de la crise algérienne ne peut pas avoir l’instantanéité d’un antalgique. » Il préconise le retour de tous les exilés islamistes.
Le secrétaire général du parti El Nahda (Renaissance, islamiste modéré), Lahabib Adami, constate que la sécurité en Algérie est en nette amélioration. Mais il précise aussi que « le traitement de la crise algérienne ne peut pas avoir l’instantanéité d’un antalgique. » Il préconise le retour de tous les exilés islamistes. Le parti El Nahda est représenté par deux ministres au gouvernement.
Afrik.com : Comment analysez-vous la recrudescence des massacres en Algérie ?
Lahabib Adami : C’est vrai qu’il y a beaucoup de morts mais il faut relativiser. Il y a une nette amélioration sur le plan sécuritaire. Les massacres à grande échelle n’existent pratiquement plus. Il faut du temps pour régler une crise aussi multidimensionnelle.
Afrik : La presse fait état de près de 300 morts ces derniers jours !
L.A. : Je déplore toutes les morts. Un mort est une victime de trop. Mais, le traitement d’une telle crise ne peut pas avoir l’instantanéité d’un antalgique, aussi fort soit-il. Il faut du temps, beaucoup de temps. Mais si on compare aux années précédentes, il faut être aveugle pour ne pas voir l’amélioration. En plus, vue la superficie de l’Algérie, il n’est pas facile de contrôler tout le pays.
Afrik : L’Etat a tout de même le devoir de protéger ses citoyens ?
L.D. : Evidemment, je ne tiens nullement à désengager l’Etat de sa responsabilité. Il faut que les services de sécurité soient plus présents et ne délaissent pas la population dans le désarroi. Je reviens à l’amélioration de la sécurité. Elle est due aussi à la concorde civile qui a permis à 5 500 jeunes de renoncer au terrorisme.
Afrik : Cette loi est des plus controversées. Certains, comme le FFS, pensent que la concorde civile a permis la réorganisation des groupes armés ?
L.D. : Ce n’est pas vrai ! Les groupuscules sont en voie de disparition. Les repentis sont fichés, catalogués par les services de sécurité. Il n’y a pas un seul repenti qui soit remonté au maquis. Cette loi mérite d’être soutenue. Elle a eu le mérite de sociabiliser les partis politiques. Pour la première fois, ils se parlent ! Je pense qu’il faut permettre à tous les exilés de rentrer.
Afrik : Vous pensez aux dirigeants du FIS, comme Anouar Haddam et Rabah Kébir…
L.D. : C’est inutile de citer les noms. Je pense à tous les réfugiés qui sont sans papiers (administratifs, ndlr) et qui souffrent à l’étranger. Il faut aussi que les disparus (il y aurait des centaines de personnes, essentiellement islamistes, portées disparues en Algérie, ndlr) puissent rejoindre leurs familles.
Afrik : Croyez-vous que le président Bouteflika ait les moyens de ramener la paix ?
L.D. : Je crois que le président Bouteflika a les moyens d’établir la paix en Algérie si on lui laisse le temps pour cela. L’Algérie a besoin de temps pour panser ses blessures.
Afrik : Comment voyez-vous la sortie de secours en Algérie ?
L.D. : Il faut une réconciliation nationale qui restaure toutes les libertés fondamentales. L’Algérie a besoin d’une véritable démocratie. Elle n’a pas besoin d’alarmistes et de pyromanes. Il faut aussi s’attaquer aux causes de la crise.
Afrik : A savoir ?
L.D. : Il faut résoudre les problèmes socio-économiques. L’Algérien souffre de la crise de logements. Les pères de famille sont adossés le long de la journée sur les murs. Le principal problème est le taux élevé de chômage. Il faut s’attaquer à toutes les frustrations.
Des Algériens parlent de la situation algérienne :
Retrouvez les interviews d’Abdelkrim Dahman, premier secrétaire du MSP islamiste modéré (21 décembre), d’Ali Kerboua, secrétaire général du FFS socialiste (20 décembre) et d’Addi Lahouari, enseignant à l’Institut d’études politiques de Lyon (19 décembre).