Le ministre de l’Intérieur a dit qu’il refuserait son agrément à ce mouvement islamiste mais légaliste. Ira-t-il au bout de cette mesure contraire à la Constitution et mal acceptée par la classe politique – toutes tendances confondues ?
Deux jours après le refus d’agrément du parti Wafa – annoncé par le ministre de l’Intérieur aux députés – la classe politique algérienne s’interroge toujours plus sur les raisons d’une déclaration non seulement peu conforme à la loi, mais dont les intentions politiques sont pour le moins obscures.
Mercredi 8 novembre, M. Yazid Zerhouni a donc saisi l’occasion des questions parlementaires au gouvernement pour expliquer qu’il ne donnerait pas son agrément à la constitution officielle du parti Wafa, au motif que ce mouvement réunissait surtout des anciens militants et dirigeants du Front islamique du salut (F.I.S.) dissous. Il est à noter qu’outre Wafa, le Front démocratique (FD) de l’ancien ministre Sid Ahmed Ghozali pourrait ne pas être agréé, tout comme trois autres petits partis dont les thèses sont pourtant éloignées de l’islamisme.
Les réactions négatives à cette annonce n’ont pas tardé à fuser dans les travées de l’Assemblée populaire nationale. Beaucoup de députés jugent en effet que le parti Wafa ne présente pas de danger pour la démocratie. D’aucuns s’interrogent aussi sur le sens d’une mesure qui crédibilise Wafa aux yeux des Algériens, lui fait de la publicité et fait objectivement de ce parti une victime.
Imbroglio total
Une plainte pourrait être déposée demain devant la Chambre administrative du pays. En effet, la loi algérienne répute autorisé tout nouveau parti politique qui n’aurait pas reçu de réponse à sa demande d’agrément dans les soixante jours après sa demande. C’est le cas de Wafa, où l’on n’a reçu aucune notification officielle de refus d’agrément à ce jour.
« L’imbroglio est total », confie Fayçal Metaoui, journaliste au quotidien El Watan : « Le processus de concorde civile a rendu leurs droits civiques à des gens qui avaient du sang sur les mains. Et maintenant, on voudrait empêcher d’agir ceux qui choisissent la voie pacifique de l’action démocratique. Wafa est un parti comme les autres, tout le monde le sait ». Quant à l’attitude qui sera adoptée par les dirigeants de ce parti « ni interdit, ni autorisé », notre confrère estime que « tactiquement, ils vont attendre, pour bouger, de recevoir la confirmation de l’annonce du ministre ».