Le Paris des abolitionnistes


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À l’initiative de l’association Ensemble contre la peine de mort (ECPM), le troisième congrès mondial contre la peine de mort se tient à Paris jusqu’à samedi. L’occasion de dresser un état des lieux de la peine de mort sur le continent africain.

Par Charlotte Alix et Joan Tilouine

« Ensemble, faisons avancer l’abolition universelle.» Une grande ambition alors que 69 pays appliquent encore le châtiment suprême. Avec en arrière plan l’espoir de faire infléchir ces pays, et plus particulièrement ceux du Maghreb, l’objectif du congrès est de proposer une tribune internationale à des militants abolitionnistes. Près de cent vingt intervenants et plus de trois cents congressistes participent à l’événement. Au total, quatre-vingts pays sont représentés.

La France montre l’exemple

« Nul ne peut être condamné à la peine de mort. » Tel est le texte qui doit être inscrit dans la Constitution française, de manière irrévocable. Voté à l’Assemblée à la quasi-unanimité, le texte est en attente de traitement par le Sénat, et le vote est prévu pour le 19 février. Vingt-cinq ans après l’abolition de la peine de mort en France, le président Chirac entend bien marquer le coup en gravant dans le marbre de la Constitution ce principe fondamental. La vieille France souhaite servir d’exemple en faisant une croix sur le châtiment de la mort.

L’exécution-spectacle du dictateur irakien Saddam Hussein, diffusée en boucle dans tous les médias du monde, a indéniablement contribué à sensibiliser l’opinion publique. Pour l’ECPM, le combat serait dans sa phase terminale. Si cet optimisme est à mesurer dans la région du Moyen-Orient et en Chine, les pays du Maghreb – qui condamnent toujours à la peine capitale – n’exécutent plus depuis dix ans. Des signes annonceurs ont d’ailleurs été perçus au Maroc ces dernières semaines.

Le Maghreb en ligne de mire

La présentation des enjeux et du programme de ce congrès mondial à Rabat au Maroc, la semaine dernière, et les propos du ministre marocain de la justice, Mohammed Bouzoubaa, qui s’est prononcé contre la peine de mort, permettent en effet d’envisager une prochaine réforme, qui pourrait s’étendre à la région tout entière. Alors, le Maroc sera-t-il le centième pays à abolir la peine capitale ?

En Libye, les vives réactions qu’a suscitées la condamnation à mort de cinq infirmières bulgares et d’un médecin palestinien, accusés d’avoir intentionnellement inoculé le virus du sida à des enfants, a mis le guide Kadhafi dans une mauvaise posture. Pour calmer les esprits, son fils aîné, Mouammar Kadhafi a dû par la suite assurer que les cinq infirmières bulgares condamnées à mort auraient la vie sauve.

En revanche, aucun signe semblable en Egypte, qui a procédé en 2006 à deux exécutions, vraisemblablement pour terrorisme. Selon Amnesty International, l’Ouganda aurait quant à lui condamné à mort et exécuté huit personnes en 2005. Si en 2004 le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia se déclarait « favorable » à l’abolition de la peine de mort, l’arrivée de Abdelaziz Belkhadem en mai 2006 à ce poste a fait reculer cette cause. En octobre dernier, la peine de mort a été maintenue dans le projet de loi réformant le code pénal en Algérie.

Débat autour de l’Islam et de la peine de mort, table ronde sur la lutte de l’Union européenne contre la peine capitale, rencontre avec d’anciens condamnés à mort, le programme de ces trois jours vise à fomenter des stratégies abolitionnistes. Une façon d’accentuer la pression de la communauté internationale sur les pays qui tuent toujours au nom du droit.

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