Le Pagne de la Paix, fruit du premier concours soutenu par l’AFD, a couvert les célèbres statues de la Place des cinéastes à Ouagadougou à l’occasion de la 27e édition du Fespaco. Une symbolique forte qui s’appuie sur la promotion du lien social et de l’emblématique étoffe Faso Dan Fani.
Un Pagne de la Paix. Dévoilé à l’occasion de la cérémonie de libation en hommage aux cinéastes disparus, au lendemain de l’ouverture du Fespaco et à l’occasion de l’inauguration de la statue du cinéaste Alain Gomis venue enrichir « la colonne des étalons », le pagne s’est présenté au monde, sous les feux des projecteurs.
Un pagne écru, jaune et ocre, lauréat du premier concours du genre, qui habillait l’ensemble des quelque dix statues grandeur nature, place des cinéastes pour la 27e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco).
« Au-delà du pagne c’est le thème. Que les gens s’asseyent pour réfléchir sur la paix, dans une région où la paix est devenue très fragile, je pense que c’est une réflexion très intéressante que l’on doit soutenir. Si on passe par les femmes je crois que c’est l’autre moitié du ciel. Toutes les femmes ont besoin de paix parce que les gens qui meurent sont leurs enfants », explique la sommité Désiré Maurice Ouedraogo, ingénieur textile de son état et membre du jury du Pagne de la Paix composé de professionnels.
A l’image notamment du styliste François 1er, de Patricia Badolo, directrice générale adjointe en charge des services d’appui et support à la Chambre de commerce et de l’industrie Burkina Faso ou de la styliste et costumière Martine Somé.
Dix associations de tisseuses étaient en lice. Et c’est l’Association des Femmes Tisseuses de Ponsomtenga (AFEPO) qui a été distinguée avec un pagne 100% bio aux teintures naturelles obtenues grâce à la décoction de plantes, par ailleurs médicinales, le bouleau d’Afrique et le sorgho rouge.
L’association a remporté un chèque d’un million de F CFA. Tandis qu’un second prix de 500 000 F CFA a aussi été attribué à l’association de tisseuses Zoodo. Par ailleurs, les deux associations se sont partagées la commande de près de 170 pagnes du tissu lauréat, faisant travailler plus de 70 femmes.
Même si elle a remporté le premier prix, AFEPO tient toutefois à féliciter et saluer le travail de toutes les autres associations et se dit honorée par une distinction qui « a beaucoup de sens ».
« Plus de 1,3 million de déplacés et plus de 2 000 écoles fermées au Burkina Faso à cause de la situation sécuritaire dans le pays : un triste constat.
La 27e édition du FESPACO de Ouagadougou a été, l’espace d’une semaine, l’épicentre mondial du cinéma africain. L’opportunité pour nous de promouvoir un message dont la force réside dans sa simplicité : la paix.
Quoi de plus emblématique que le pagne Faso Dan Fani, un tissu 100% burkinabè, pour incarner une valeur universelle et un socle de développement primordial.
(… ) Le pagne lauréat, appelé à être popularisé, devient un outil vivant de plaidoyer et un acte militant citoyen, un symbole assumé de notre espoir commun », expliquait dans son allocution Madame Anne Marie Sawadogo Zouré de l’Agence française de développement, qui soutient l’initiative.
Une première édition pour un concept qui se « projette d’ores et déjà dans une perspective régionale ».
C’est devant un parterre fourni de journalistes, la Ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme du Burkina Faso Mme Foniyama Élise Ilboudo Thiombiano, le Ministre de la Culture et de la Communication du Sénégal, M. Abdoulaye Diop, le Armand Béouindé le Maire de Ouagadougou et le Président du comité d’organisation du FESPACO M. Salifou Tahita, que Madame Sawadogo Zouré a expliqué les objectifs de l’appui par son propos engagé
« (… ) Nous avons donc habillé ces monuments pour communier tous ensemble autour de ce vœu d’avoir la paix. Tisser des liens comme on tisse le pagne. Ces mains de fileuse, ce sont les mains de chacun des Burkinabè, de chacun d’entre nous, de chacun des invités ici présents qui sont venus pour œuvrer avec les Burkinabè pour crier à corps et à cri notre souhait d’avoir la paix. La célébrer ensemble, la construire ensemble.»
La ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme du Burkina Faso Madame Foniyama Élise Ilboudo Thiombiano en visite sur le stand AFD au FESPACO a directement été séduite par l’initiative et s’offre comme ambassadrice naturelle du Pagne de la Paix.
Un espace habillé du thème « Femme ambassadrice de paix », du nom d’un nouveau prix spécial décerné par l’AFD et qui sera décerné trois jours plus tard à la réalisatrice Aicha Macky pour son film Zinder. Elle décrochera également le prix de la meilleure réalisatrice espace CEDEAO.
En découvrant le Pagne de la Paix, Mme la Ministre a tenu à apporter son témoignage devant les caméras, avant de se prêter au jeu du studio photo mobile.
« Le fait de construire quelque chose de positif au travers de ce Pagne de Paix, non seulement ça créé des emplois, ça envoie des messages symboliques extrêmement forts, et ça permet tous ensemble de se rendre compte que nous avons un intérêt commun à défendre la paix partout dans le monde. »
Un message universel qui résonne d’autant plus fort dans une région Sahel aux prises à mille tourments sécuritaires.
Mieux, le jour de la cérémonie de clôture et de remise des trophées retransmise à la télévision, c’est vêtue d’une cape façonnée avec le Pagne de la Paix que l’amazone, habillée par Martine Somé, a présenté et porté sur scène le célèbre trophée, l’Etalon d’or de Yennenga.