Haile Gebrselassie, le plus petit (1,63 m) des géants de l’athlétisme, a puisé dans ses trésors de générosité et de force morale pour emporter, ce matin, un nouveau titre olympique dans le 10 000 mètres.
Il est venu, il a vu, il a vaincu… mais de si peu. Après vingt-huit minutes et dix-neuf secondes de course sur la cendrée de Sydney, seuls neuf infimes centièmes de seconde ont séparé Haile Gebrselassie, nouveau champion olympique du 10 000 mètres, de son très brillant second le Kenyan Paul Tergat. L’empereur de la course de fond, quatre fois champion du monde et quinze fois recordman mondial, n’a gagné cette fois qu’à l’issue d’un sprint échevelé dans la dernière ligne droite d’une course d’anthologie.
A vingt-sept ans, Gebrselassie rejoint dans la légende olympique des mythes de l’endurance tels qu’Emil Zatopek, Sebastian Coe et Lasse Viren. Il clôture enfin la journée des délivrances pour le sport africain à Sydney, ponctuée par la médaille d’or de Maria Mutola au 800 mètres et par quatre autres podiums.
Presque battu cette fois
La joie n’a pas effacé, dans la mémoire du héros, les souffrances d’une année 2000 extrêmement difficile. Les douleurs plantaires de Gebrselassie l’ont tourmenté depuis le début de la saison, hypothéquant jusqu ‘au dernier moment sa participation aux Jeux du nouveau millénaire. Ce n’est qu’après avoir pu se faire confectionner des chaussures ménageant des talons meurtris que Haile a envisagé enfin de prendre le départ de ce 10 000 de rêve.
Mais personne n’imagine que les empereurs puissent souffrir, ni perdre. Comme Gebrselassie l’a souligné lui-même, » en Ethiopie, personne n’accepte l’argent ni le bronze quand il s’agit d’Haile Gebrselassie « . Personne n’imaginait que Paul Tergat, l’éternel second, puisse enfin battre son ami. Personne, sauf Tergat lui-même, et il a failli réussir. Presque.