Charlie Hebdo, avec son numéro spéciale « Charia Hebdo », en référence à la montée des islamistes en Libye et en Tunisie, a provoqué la colère des musulmans d’Afrique et d’ailleurs.
En cause, une caricature du prophète Mohamed sur la couverture de son dernier numéro, paru le 2 novembre, promettant le châtiment corporel à quiconque ne serait « pas mort de rire ». Pour l’occasion, le prophète de l’islam a été intronisé rédacteur en chef du numéro. En parcourant le journal on y trouve un « Edito de Mahomet » nommé « L’apéro Halal », mais aussi une explication de ce qu’est la « Charia Molle » ou encore le supplément « Charia Madame ». A la veille de sa parution, les locaux de Charlie Hebdo ont été dévastés par un incendie criminel doublé d’une piraterie informatique de leur site. Une enquête a été ouverte. Et alors qu’aucun suspect n’a pour le moment été arrêté, certains pointent déjà du doigt un acte commis par des groupuscules de confessions musulmanes. Les réactions en Afrique ne se sont pas fait attendre. Tour d’horizon.
« Charlie Hebdo, le haineux »
Du côté de la Mauritanie, les avis ne sont guère positifs. Sur le site Internet de All Africa un article en date du 3 novembre a pour titre : « Charlie Hebdo, le haineux, et les incendiaires déraisonnables ! » L’auteur du papier parle d’un acte « rebutant », « révoltant », et « choquant », faisant allusion tant aux caricatures qu’à l’incendie. L’article décrit le journal satirique comme étant « un torchon de basse mouture ».
Au Sénégal, on désigne un blasphème chez Charlie Hebdo. L’article paru le même jour dans La Sénégalaise a pour titre « Blasphème chez Charlie Hebdo : Quand est-ce que la France respectera-t-elle l’autre ? » La Sénégalaise donne une leçon de morale à la France. Le média parle d’une « France qui ne cesse de se faire remarquer par son manque de respect total envers les choix des autres », rappelant que c’est cette même France qui se qualifie de « pays des droits de l’homme ». Il précise que « l’islam n’accepte pas la reproduction de l’image du prophète, à plus forte raison de la caricaturer avec des mots blasphématoires. »
« A mon sens, monsieur le satirique, c’est le métier, le nôtre, que vous insultez »
Au Maroc, le quotidien Aufaitmaroc a titré en Une, le 3 novembre : « Affaire Charlie Hebdo, l’insulte faite à la caricature ». Selon le quotidien, il s’agit là d’une insulte. Un membre de la direction aurait lâché « On a l’impression que c’est le premier point de la charia qui est appliqué. Insulter le prophète coûte un incendie ». Ce à quoi Aufaitmaroc a répondu : « Et en insultant, à quoi vous attendiez-vous, monsieur le journaliste, vous qui revendiquez à tout bout de champ le droit à la libre expression? A mon sens, monsieur le satirique, c’est le métier, le nôtre, que vous insultez. Il est bien entendu que les auteurs de l’attaque contre les locaux de ce magazine doivent répondre de leur acte devant la justice, mais cela ne vous donne pas le droit de revendiquer le droit à l’insulte. »
« Il a commis le crime de se moquer du Prophète »
Avis partagé pour l’Egypte où le quotidien Al-Youm a titré un article du 2 novembre : «Notre journal dévoile le scandale de l’hebdomadaire français Charlie Hebdo ». Pour le quotidien, Charlie Hebdo a dépassé les limites. D’après lui, un « crime » a été commis. « Il a commis le crime de se moquer du Prophète, en le déclarant par dérision rédacteur en chef », écrit-il.
Au pays du Jasmin, les satires de chez Charlie « jouent la provoc ».Tuniscope a donné comme titre à son article du 1er novembre : « Charlie Hebdo joue encore la provoc avec Charia Hebdo ». On y parle de « récidive », en référence à la polémique de 2006, en précisant bien le coté marketing et mercantile de cette démarche qui avait fait passer les ventes de 140 000 à 400 000 exemplaires.