La rupture du barrage d’Alau plonge Maiduguri sous les eaux, provoquant une catastrophe humanitaire et aggravant l’insécurité dans le nord-est du Nigeria.
Le Nigeria fait face à une catastrophe naturelle sans précédent après la rupture soudaine du barrage d’Alau, dans la région de Maiduguri. La capitale de l’État de Borno, déjà marquée par une insurrection jihadiste de plus de 14 ans, est aujourd’hui submergée par des inondations monstres provoquées par des pluies torrentielles. Ce drame fait craindre une crise humanitaire majeure, alors que les habitants tentent désespérément de fuir les eaux.
Une rupture aux conséquences dévastatrices
Dans la nuit de dimanche à lundi, le barrage d’Alau, situé au sud de Maiduguri, a cédé sous la pression des pluies diluviennes. Cette rupture a plongé la ville et ses environs dans le chaos. Les eaux ont rapidement envahi les rues, submergeant des maisons, des voitures et des infrastructures essentielles. « C’était vraiment catastrophique. Tout est inondé. Il ne reste qu’un seul pont », raconte un habitant de la ville, désemparé face à l’ampleur des dégâts.
Avec une population de plus de 800 000 habitants, Maiduguri se retrouve sous les eaux. Des milliers de personnes fuient désespérément la ville, emportant avec elles le peu de biens qu’elles ont pu sauver. Les images diffusées par l’Agence nationale de gestion des urgences (NEMA) montrent des rangées de maisons englouties, tandis que les écoles sont fermées et les entreprises paralysées.
Des centres d’accueil débordés
Face à cette situation dramatique, les autorités ont ouvert trois abris temporaires pour les sinistrés. Toutefois, ces centres d’accueil peinent à faire face à l’afflux constant des victimes. L’ONU, par le biais du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), a signalé que certaines zones de Maiduguri, habituellement épargnées par les inondations, sont aujourd’hui parmi les plus touchées. Les autorités locales, appuyées par des équipes de secours, utilisent même des hélicoptères pour évacuer les résidents dans les quartiers les plus inaccessibles.
Bien que le nombre exact de victimes reste inconnu, plusieurs décès ont été confirmés, et les opérations de sauvetage se poursuivent. La rupture du barrage a non seulement dévasté des milliers de foyers, mais a également permis l’évasion de 200 prisonniers, dont des membres de Boko Haram, suite à l’effondrement d’un mur d’enceinte de la prison de Maiduguri.
Une crise humanitaire imminente
La situation à Maiduguri est d’autant plus préoccupante qu’elle s’inscrit dans un contexte de précarité accrue dans le nord-est du Nigeria. Déjà fragilisée par des années de conflit, la région fait face à une aggravation de l’insécurité alimentaire. Selon l’ONG Save the Children, les dégâts massifs dans les terres agricoles — plus de 107 000 hectares endommagés — pourraient exacerber la faim dans le pays. « Un enfant sur six au Nigeria a souffert de la faim entre juin et août de cette année », souligne l’organisation, appelant à une aide humanitaire urgente.