Plus d’une centaine de jeunes Nigerians s’investissent chez Google pour cartographier leur capitale, Abuja. Restaurants, hôpitaux ou encore marchés, tout y passe. Toutefois, certains ne sont pas enthousiastes à l’idée de faire d’Abuja la nouvelle capitale touristique de Google Maps.
Cartographier Abuja, l’idée a séduit plus d’une centaine de jeunes Nigérians. Ils se sont associés à Google pour ajouter à son service de Google Maps la liste des hôpitaux, marchés, restaurants et autres lieux importants de la capitale nigériane. Une manière pour le pays de faire découvrir virtuellement sa capitale afin d’attirer un maximum de touristes.
Et pour cela, quoi de mieux que d’utiliser les habitants eux-mêmes pour réaliser ce travail minutieux. Ils connaissent parfaitement leur quartier. Google Maps attend donc des volontaires une carte précise de la capitale nigériane. « Une fois qu’on cerne le lieu où une personne est en situation d’urgence, on peut rapidement s’y rendre et sauver cette personne. Et comment y parvenez-vous ? En obtenant l’information d’une certaine personne sur le terrain », confie Oludotun Babayemin, chef du projet, à un correspondant de la VOA.
Une révolution
Dans les locaux de Google à Abuja, l’ambiance Internet est au rendez-vous. La salle est on ne peut plus équipée avec sa tonne d’ordinateurs et de portables. Les jeunes volontaires sont investis jusque dans leur manière de s’habiller. Tous portent des t-shirts verts et bleus sur lesquels on peut lire : « Cartographiez votre monde ».
Ces jeunes sont envoyés à travers la capitale munis de gadgets hautement perfectionnés afin d’enregistrer par écrit et surtout en images le moindre recoin de la ville. Une fois ces informations enregistrées, le pays s’ouvre aisément au reste du monde.
Le projet tend à se déployer à travers l’ensemble du territoire. Le chef de ce projet tient absolument à montrer au monde combien son pays s’est métamorphosé. Il espère aguicher de nombreux investisseurs grâce au développement de la cartographie du Nigeria.
Une méfiance
De manière générale, en cartographiant l’Afrique, les gouvernements et les ONG auront plus de facilité à développer leurs ressources.
Mais dévoiler au monde son pays, certains le voit d’un très mauvais œil. Surtout les classes populaires. Elles craignent que cette technologie soit utilisée pour planifier la réhabilitation ou la destruction de leurs quartiers au profit des populations les plus aisées. Les autorités locales aussi sont méfiantes. Lorsqu’un volontaire est aperçu par les forces de l’ordre en train de prendre des photos sans qu’il ait pour autant l’allure d’un touriste, à l’instar d’Adepoju Abiodun, il a droit à un florilège de questions. « Pourquoi essayez-vous de prendre des photos ? Qu’est-ce que vous foutez ici à prendre des notes ? Allez-vous commettre un attentat à la bombe ? » Ce n’est qu’après avoir expliqué le projet que les volontaires peuvent poursuivre leur travail.
A terme, Google Maps souhaite cartographier l’ensemble du continent africain. Un défi que le service du géant de l’Internet entend relever dans les quatre ou cinq années à venir.