Le Nigeria attaque le Cameroun dans le Bakassi


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Un soldat camerounais a été tué dans la péninsule de Bakasi lors d’une attaque de l’armée nigériane dans la nuit de vendredi à samedi. Les tirs nigérians avaient débuté le 5 juin dernier, ne faisant que des dégâts matériels. Cet évènement survient peu de jours après le report d’une commission mixte Cameroun-Nigeria, qui devait clore leur conflit concernant leur frontière commune au Bakassi.

Par Floréal Sotto

L’armée nigériane a attaqué le Cameroun dans le Bakassi dans la nuit de vendredi à samedi. « Selon nos informations, des soldats camerounais ont été agressés par les Nigérians sur leurs positions » a affirmé un haut responsable militaire camerounais à l’AFP, repris par Le Messager. Il aurait qualifié cette attaque nigériane de « manoeuvre dilatoire pour ne pas quitter Bakassi » au moment où le Nigeria devait retirer ses troupes de la région camerounaise après 12 années de présence. Selon Radio France International l’incident s’est soldé par le décès d’un caporal de l’armée camerounaise et un adjudant des mêmes forces aurait été blessé, ce qui nous a été confirmé par Monsieur Penda, responsable des Affaires camerounaises au Bakassi (Ministère de la Justice). Il a précisé que l’attaque a été faite au mortier à canon et que des obus ont été lancés.

Un conflit ancré

La région de Bakassi est une source de tension entre le Cameroun et le Nigeria depuis 1993. A cette époque, l’armée Nigériane, sous les ordres du général Sani Abacha, avait lancé une attaque sur la péninsule dans le cadre d’une invasion planifiée. L’armée avait alors élargi progressivement son occupation : les postes camerounais d’Idabato, de Uzama et de Kombo étaient tombés entre leurs mains en 1996. Les deux pays se disputent cette région frontalière pour ses ressources potentiellement riches en pétrole et en eaux poissonneuses. Ce différend était en cours de résolution depuis octobre 2002 grâce un arrêté de la Cour Internationale de Justice qui avait reconnu au Cameroun sa souveraineté sur le Bakassi. Depuis lors, le Nigeria n’avait cependant pas hâté le retrait de ses troupes. Même si, le 11 mai dernier, les autorités semblaient s’y être engagées plus fermement à la suite d’une rencontre tripartite entre le Camerounais Paul Biya, le Nigérian Olusegun Obasanjo le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan.

Il est a noté, qu’en mars dernier, l’Onu avait accusé, les autorités nigérianes d’empêcher la démarcation de la frontière commune. Selon Cameroon Tribune cette attitude aurait perdurée depuis. Le quotidien indique que des mesures devaient être prises entre le 10 et le 15 juin pour le retrait des troupes nigérianes. Mais elles ont été repoussées. La position du Nigeria est critiquée dans le même sens par Cameroun info qui remarque que : « Les lenteurs, les rendez-vous non honorés et les promesses non tenues des autorités du Nigeria dans la mise en œuvre de l’exécution de l’arrêt de la Cour de Justice de la Haye, ordonnant la restitution à notre pays des territoires indûment occupés auraient déjà dû au moins faire réfléchir sur les intentions réelles du Nigeria, quant à la péninsule de Bakassi. »

Des réactions contenues

Les raisons de cette attaque restent floues d’autant que les autorités à Abuja se refusent à tout commentaire. Cameroun Infosoupçonne néanmoins Obasanjo de vouloir « détourner l’attention des Nigérians de leurs problèmes internes, pour la cristalliser autour du chiffon rouge agité aux yeux de leur opinion » peu avant la fin de son deuxième mandat.

Le Cameroun resterait sur une position pacifique d’après les indications données par Monsieur Penda à Afrik.com. « Le Cameroun souhaite agir selon l’arrêt de la Cours de Justice, mais attend encore une déclaration du gouvernement pour déterminer sa position.» Cette information rejoint celle d’un haut fonctionnaire camerounais, cité par Le Messager , « l’armée camerounaise n’a pas riposté », a-t-il annoncé en ajoutant : «jusqu’ici, nos soldats respectent scrupuleusement les consignes et ne se permettent aucune provocation ». Ces attaques répétées pourraient néanmoins conduire le Cameroun à saisir le Nigeria devant Conseil de Sécurité des Nations Unies car elles menacent la paix et la sécurité dans la sous région.
Un émissaire nigérian serait actuellement en concertation avec le Chef de l’Etat camerounais à Yaoundé. Les tenants de cette rencontre n’ont pas été dévoilé, mais laissent présager d’une issue diplomatique à la montée du conflit.

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