Le Nigeria a cédé ce lundi la péninsule de Bakassi au Cameroun, se conformant ainsi à la décision de la Cour
internationale de justice qui a attribué en 2002, la souveraineté de ce territoire au Cameroun.
A midi, sous une forte pluie, le drapeau du Nigeria a été abaissé pour la dernière fois dans la ville d’Archibong, mettant fin à l’occupation nigériane de cette zone. Dans le même temps, le drapeau militaire nigérian a été descendu mettant ainsi fin à la présence des troupes nigérianes dans la péninsule qu’elles occupaient depuis 1975.
Le drapeau camerounais a été hissé par un détachement des forces armées de ce pays, dirigé par le Colonel Eyong Tammpong Ebot, qui a changé le nom d’Archibong, Cross River State, pour celui d’Archibong, South West Cameroon.
Le document de cession a été signé par le ministre de la Justice du Nigeria, Bayo Ojo, son homologue camerounais, Maurice Kamto, et le président du Comité de suivi des Nations unies, Keira Pendragast. Dans un bref discours, M. Ojo a déclaré que le Nigeria a cédé la péninsule de Bakassi afin de permettre l’instauration de la paix entre les deux pays qui se disputaient la souveraineté de ce territoire.
« Nous donnons un territoire pour permettre à des vies de se
développer. Nous savons que ces vies sont précieuses et
irremplaçables. Nous sommes conscients que la seule alternative à la paix est la guerre et son corollaire, la destruction des vies et de biens », a-t-il affirmé.
Un exemple pour l’Afrique
« Nous ne sacrifierons pas les vies de notre peuple afin de conserver des frontières artificielles qui, nous le réalisons, deviennent de plus en plus hors de propos dans le reste du monde », a ajouté le ministre nigérian de la Justice.
M. Ojo a soutenu que la décision de son pays préserve sa « fraternité africaine » et qu’elle est la preuve d’une nouvelle Afrique où les peuples peuvent résoudre leurs différends sans avoir recours à la guerre.
Aux résidents tristes de Bakassi qui avaient résisté à cette cession, le ministre a assuré que cette dernière « n’était pas une fin en soi », les implorant de choisir entre rester dans la région ou se réinstaller dans une zone administrée par le Nigeria.
Le président du Comité de suivi des Nations unies, Keira Pendragast, a déclaré que le Nigeria et le Cameroun avaient suffisamment fait preuve d’esprit de générosité, de patience, de diplomatie et d’attachement ferme au respect du droit international.
« C’est un très bon jour pour les deux pays et la communauté
internationale. C’est un exemple à suivre par les autres. Il va être étudié par de nombreux diplomates, historiens et par les gens intéressés par la résolution des différends par des moyens pacifiques », a déclaré le représentant de l’ONU.
Deux ans de décalage pour West Atabong et Akwabana
Le porte-parole des Forces armées camerounaises, le lieutenant-colonel Adeck Moïse, a pour sa part estimé que cette journée est « historique », affirmant que « les Nigérians n’ont rien à craindre ».
« Nous avons tiré les leçons. La situation sera différente de ce qu’elle était. Nous allons envoyer une nouvelle équipe de gendarmes avec une nouvelle orientation. Ce sera différent. Nous sommes tous frères », a-t-il déclaré.
Dans le cadre de l’Accord de l’Arbre vert signé le 12 juin à New York entre le président nigérian, Olusegun Obasanjo, et son homologue camerounais, Paul Biya, en présence du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, le Cameroun va prendre la souveraineté de Bakassi, au nord et au centre de la péninsule.
Deux régions, celles de West Atabong et d’Akwabana, vont rester sous la tutelle directe du Nigeria pendant deux ans, le temps de permettre aux populations locales de choisir leur zone de résidence.