Le Niger lance un atelier pour mieux gérer son budget face à une population en forte croissance. En partenariat avec les Nations Unies, le gouvernement cherche à adapter ses dépenses pour améliorer l’éducation et la santé, et ainsi transformer sa démographie en un atout pour le développement.
Le Niger fait face à une croissance démographique rapide, avec un taux d’accroissement intercensitaire annuel moyen passant de 3,1% en 2001 à 3,9% en 2012, et projeté à 3,7% en 2021 selon l’Institut National de la Statistique (INS, 2023). Cette croissance est principalement due à un taux de fécondité élevé, estimé à 6,2 enfants par femme en 2021. En conséquence, la population est passée de 17,1 millions en 2012 à 25,4 millions en 2023. Avec plus de 50% de la population ayant moins de 15 ans, les besoins en services sociaux de base sont importants, ce qui met une pression significative sur les ressources publiques.
Défis et stratégies
Selon M. Diouf Djibo, Directeur Général du Budget du Ministère de l’Economie et des Finances, « Avec un taux de fécondité de 6,2 enfants par femme, la préoccupation n’est pas le nombre, mais la qualité de la prise en charge. » Il a souligné l’importance d’aborder cette thématique délicate du point de vue social, culturel et économique pour limiter les impacts négatifs potentiels.
M. Fabien Ngendakuriyo, économiste au BSR-AO/CEA, a affirmé que, pour transformer le profil démographique en opportunités de croissance, il est impératif de revoir l’allocation des ressources budgétaires. « Une faible dotation budgétaire aux secteurs de l’éducation et de la santé, piliers du développement du capital humain, risque de retarder la transition démographique et la réalisation des objectifs de développement durable. »
Conclusions et perspectives
Les données historiques montrent une diminution des dépenses budgétaires pour l’éducation, passant d’environ 17% entre 2013 et 2017 à 10% entre 2018 et 2020. En revanche, les dépenses pour la santé ont légèrement augmenté, passant de 5,5% sur la période 2013-2017 à 7% entre 2018 et 2020. Ces chiffres illustrent le besoin urgent d’une réallocation efficace des ressources pour mieux répondre aux défis démographiques du pays.
Cet atelier technique a concrétisé l’engagement du Niger à accélérer la capture du dividende démographique par l’adoption de l’approche Budgétisation Sensible au Dividende Démographique (BSDD), dans son processus budgétaire. L’objectif général était de renforcer les capacités des ministères et institutions responsables de l’élaboration et de l’exécution budgétaire sur la BSDD, pour améliorer l’efficacité de la dépense publique dans l’exécution du budget 2024 et l’intégration de la BSDD dans le budget 2025.
L’atelier a réuni des cadres de la Direction Générale du Budget, de la Direction Générale de la Population, du Ministère de l’Éducation Nationale, du Ministère de la Jeunesse, des Sports, des Arts et de la Culture, de l’Institut National de la Statistique, du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), et du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
Le Gouvernement du Niger, soutenu par ses partenaires internationaux comme l’Uneca, continue de faire des efforts significatifs pour réformer son processus budgétaire et capturer le dividende démographique, crucial pour le développement socioéconomique du pays. Cependant, cette problématique concernera, in fine, la majorité des pays africains qui représenteront plus de 25% de la population mondiale en 2050.