Le Niger face à une pénurie de carburant


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Une station-service
Des pompes dans une station-service

Depuis le début du mois, le Niger fait face à une crise de carburant sans précédent, marquée par une pénurie de Super, l’essence la plus couramment utilisée dans le pays. Bien que le Niger soit un producteur de pétrole, sa capacité de raffinage reste limitée, ce qui exacerbe une situation déjà tendue. La capitale, Niamey, ainsi que plusieurs autres régions du pays, sont frappées par cette crise qui perturbe profondément la vie quotidienne des habitants.

Cette pénurie s’est intensifiée au fil des jours et les réservoirs des stations-service sont désormais à sec, sans aucune certitude quant au réapprovisionnement. La situation se complique davantage en raison du timing de la pénurie : elle survient en plein mois de Ramadan, une période déjà difficile pour de nombreux Nigériens. De nombreux habitants, à court d’essence, sont forcés de pousser leurs motos ou de marcher en portant des bidons vides.

La capitale, Niamey, est particulièrement touchée, où les rues habituellement encombrées voient un trafic réduit, tandis que ceux qui ont encore accès à l’essence sont pris d’assaut. Le Niger, malgré ses ressources pétrolières, est contraint de dépendre de l’importation pour satisfaire ses besoins nationaux. Sa seule raffinerie, la Soraz, ne parvient plus à répondre à la demande croissante. Cette dernière, qui produit environ 20 000 barils d’essence et de gasoil par jour depuis 2011, n’a pas connu de développement en termes de capacité de production.

Un contexte de dépendance accrue à l’importation

Ce manque de capacité, associé à un marché noir florissant alimenté principalement par le Nigeria voisin, a longtemps permis au pays de combler ses besoins. Cependant, ce marché parallèle a été sérieusement affecté par les évolutions économiques récentes, notamment la suppression des subventions sur l’essence, ce qui a entraîné une hausse spectaculaire des prix.

Les prix du carburant ont triplé en 2023, ce qui a rendu le carburant du marché noir de moins en moins accessible pour les Nigériens. Auparavant, cette essence frauduleusement importée du Nigeria représentait jusqu’à 50% de la consommation nationale, en particulier dans les régions frontalières du pays comme Zinder, Maradi, et Dosso. Cette situation a contribué à une dépendance de plus en plus marquée à l’importation.

Un ravitaillement insuffisant et des solutions incertaines

L’une des raisons principales de cette crise réside dans l’incapacité de la raffinerie nigérienne à répondre à la demande nationale. La Soraz fournit actuellement à la Société nigérienne des produits pétroliers (Sonidep) seulement 25 camions-citernes d’essence par jour, alors que les besoins nationaux sont estimés à 50 camions-citernes. Pour combler ce déficit, le pays a dû recourir à des importations, principalement en provenance du Nigeria.

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Malheureusement, l’importation d’essence a ses propres défis. En plus des questions logistiques, le gouvernement nigérien a récemment dû organiser un acheminement de carburant depuis le port de Lomé, au Togo, en traversant des zones instables, notamment l’Est du Burkina Faso, où des attaques djihadistes perturbent régulièrement les routes. La situation est donc loin d’être résolue, d’autant plus que la guerre en Ukraine a également perturbé les marchés mondiaux de l’énergie, ce qui impacte directement l’approvisionnement du pays en carburant.

Une pénurie révélatrice de vulnérabilités structurelles

Ce phénomène de pénurie de carburant au Niger n’est malheureusement pas un cas isolé en Afrique. De nombreux pays africains, bien que riches en ressources naturelles, souffrent de similarités structurelles, telles que des capacités de raffinage limitées, une dépendance excessive aux importations, et des infrastructures de distribution inadaptées. Des pays comme le Tchad, le Mali, ou le Burkina Faso ont également traversé des périodes de pénurie de carburant, souvent liées à des fluctuations du marché mondial ou à des conflits régionaux.

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